« La démocratie est susceptible d’être instrumentalisée et la démocratie est fragile. Et vous pouvez toujours chercher dans mon entourage depuis l’origine de mon combat politique la moindre trace d’un cabinet noir.
Vous savez, un cabinet noir, ça dispose de moyens, c’est composé d’hommes… J’ai toujours travaillé avec l’appareil d’Etat. Il n’y a jamais eu de cabinet noir à l’Elysée, il n’y a jamais eu de cabinet noir…
Serge Moati: C’est pas ce qu’a dit celui qui allait devenir le Président de la République…
Dominique de Villepin: Il n’y a jamais eu… Alors, parlons-en. Moi, vous savez, je suis prêt à tous les débats. Avec tout le monde et y compris…
Avec lui? Avec Nicolas Sarkozy?
Et y compris lors du procès qui aura lieu…
Du procès où il sera partie civile….
Absolument. Jamais eu de cabinet noir au Quay d’Orsay. donc j’attache du prix aujourd’hui à ce que l’on soit capable, au-delà du soupçon, au-delà des insinuations…. Parce que la rumeur, elle a été étudié en France, sans doute par les esprits les plus éminents. Monsieur Edgar Morin a montré comment on fabriquait une rumeur à Orléans.
La rumeur ne vient pas de moi. Jamais on ne trouvera ma main dans la moindre rumeur de l’histoire des quinze dernières années où j’étais engagé en politique. Et les journalistes, vous pouvez interroger toute la classe politique, savent bien que ma relation avec eux n’a jamais été une relation d’instrumentalisation.
Vous allez tout dire au procès? Vous l’attendez ce procès?
Le procès sera l’occasion de dire la vérité de ma relation avec Nicolas Sarkozy, parce qu’on veut mettre cette relation au coeur de l’affaire. Vous savez, je suis sans doute celui qui connaît le mieux Nicolas Sarkozy. Nous avons travaillé ensemble et je crois qu’à bien des égards, nous avons fait de bonnes choses ensemble.
C’est une histoire d’amour contrariée?
Mais pourquoi? Vous savez, ma relation ne ressemble pas à celle qui a été décrite…
Nous aurons l’occasion de dire comment fonctionne le Ministère de l’Intérieur. Qu’est-ce que c’est que d’avoir les fonctions de Ministre de l’Intérieur?
Vous croyez que pendant tout mon séjour au Ministère de l’Intérieur, ma préoccupation, c’était Clearstream? Enfin, écoutez, de qui se fout-on? De qui se fout-on? Vous croyez que c’est ça, le travail d’un Ministre de l’Intérieur? Les notes qui concernaient ce dossier ne m’arrivaient même pas à moi: elles arrivaient à mon cabinet. Et la plupart des notes des services étaient triées par mon cabinet.
Donc je crois qu’il y a des amalgames honteux. Il y a une méconnaissance du fonctionnement de l’Etat. Il y a souvent une méconnaissance du système judiciaire et c’est vrai que je ne suis pas naïf. Et c’est vrai que je serai vigilant, parce que quand on est face à un procès politique, parce que le procès qui m’est fait un procès d’intention…
Affaire Dreyfus, dit un de vos amis…
N’utilisons pas l’histoire de façon dangereuse. Mais procès d’intention politique. Il est évident que tout pèse: le choix des hommes, une bonne partie de chaise musicale à la Chancellerie et l’affaire est réglée, mon compte est bon ! »
Dominique de Villepin dans Ripostes – Dimanche 12 octobre 2008