« Vous savez, personne dans le jeu politique n’arrivera à me mettre entre parenthèses. Personne. L’intimidation, ça fait partie du jeu politique. Il y a plusieurs semaines que j’ai observé, que ma sécurité a observé que plusieurs tentatives d’intimidation étaient menées contre moi à mon domicile, dans ma vie professionnelle. J’ai saisi la Ministre de l’Intérieur qui s’est immédiatement mobilisée pour apporter une réponse et je l’en remercie. Aucune intimidation…
Serge Moati: Vous avez portez plainte?
Dominique de Villepin: Il n’y a pas à porter plainte. Il y a tout simplement à donner des informations, ce que j’ai fait, au Ministère de l’Intérieur. A lui d’agir et je lui fais confiance. Aucune intimidation n’est susceptible de changer ma volonté.
Pourquoi? Parce que je suis en politique par conviction, par idéal, pas pour servir une ambition personnelle et que jamais dans ma vie, jamais Monsieur Moati, je ne me suis senti aussi libre, dépouillé, dépouillé de tout ce qui, parfois, vous guide en politique: l’amour propre, l’appétit, le désir.
J’ai tout vu en politique. J’ai occupé la plupart des postes auxquels on peut aspirer quand on a envie de faire de la politique. Et aujourd’hui, ce qui me guide, c’est la volonté de faire de la France le grand pays que la France doit être. Alors, je veux le faire à ma place…
Vous irez jusqu’au bout? Votre honneur sera lavé?
Mais j’allais vous dire, mon honneur n’est même pas en cause. Ecoutez, en quoi…
Etre accusé de dénonciation…
De dénonciation par absention. Ecoutez, je n’arrive même pas très bien à comprendre ce qu’on me reproche. Alors, avant de mettre mon honneur sur la table, j’aime bien comprendre. Pour le moment, je n’ai toujours pas compris.
Et quand je vois qu’on veut me salir au même moment, quand je vois qu’on veut m’accrocher quelques grelots d’un cabinet noir. Quel cabinet noir, Monsieur Moati? Quel cabinet noir? Quel cabinet noir est à la base de toutes les affaires que nous avons vécues dans les dix dernières années? Quel cabinet noir?
Ben lequel, allez-y?
Quel cabinet noir a instrumentalisé un certain nombre de dossiers…
L’affaire Méry par exemple?
L’affaire Méry contre Jacques Chirac, l’affaire des emplois fictifs, les terrains de Vigneux, l’affaire de l’appartement de mon ami Alain Juppé, l’affaire de l’appartement d’Hervé Gaymard… Tout ceci est né par génération spontanée, par de grands journalistes d’investigation?
Monsieur Moati, ne soyons pas naïfs. Ces histoires n’ont pas été racontées. Il faut comprendre comment marchent les officines. Les officines privées, comme Ministre de l’Intérieur, j’ai voulu les supprimer. J’ai voulu faire en sorte…
Alors, quelle est ce cabinet noir dont vous parlez? Aux ordres de qui obéit-il?
Monsieur Moati, autant de questions auxquelles j’invite tous ceux qui ont une conscience démocratique, plutôt que de se laisser instrumentaliser par des paquets-cadeaux reçus par la Poste ou d’autres officines, où l’on publie sans savoir, en caviardant soigneusement et en organisant en quelque sorte, en organisant le soupçon. Je l’ai vécu dans l’affaire Clearstream, on le revoit aujourd’hui dans ces carnets noirs. Je trouve toute utilisation de la vie privée misérable.
A vous écouter, la démocratie est en danger. Il faut réagir. S’il y a des cabinets noirs qui instrumentalisent à ce point…« .
Dominique de Villepin dans Ripostes – Dimanche 12 octobre 2008