L’ex-Premier ministre Dominique de Villepin a évoqué dimanche de « possibles » pression de l’exécutif sur le parquet de Paris, qui a requis son renvoi en correctionnelle pour « complicité par abstention de dénonciation calomnieuse » dans l’affaire Clearstream.
A la question « est-ce qu’on peut faire pression sur le parquet? », il a répondu sur Radio J: « malheureusement, cela fait partie des choses qui sont possibles. En tout cas, intervenir sur le parquet, cela fait partie des choses possibles ».
« Le parquet est sous les ordres de la chancellerie, la garde des Sceaux est nommée par le président de la République… ce dossier est politique », a-t-il ajouté tout en soulignant qu’il ne voulait « faire de procès d’intention à personne ».
Sur l’affaire Clearstream
« Je suis en colère car je considère que rien ne vient justifier aujourd’hui une telle décision » du parquet, a poursuivi M. de Villepin en parlant de « construction politique et médiatique ».
« Nicolas Sarkozy connaissait parfaitement l’ensemble des éléments du dossier et peut-être beaucoup mieux que moi à bien des égards à cette période » quand M. de Villepin était ministre de l’Intérieur, a-t-il encore lâché.
Le procès en correctionnelle, « ce sera l’occasion de dire la vérité », selon lui.
Interrogé sur les récentes rumeurs de remaniement ministériel -qui évoquaient notamment son arrivée au gouvernement- M. de Villepin les a balayées d’un revers de la main, indiquant avoir été très clair sur le sujet lors de sa dernière rencontre avec le chef de l’Etat, le 5 septembre.
« Nicolas Sarkozy sait bien qu’à la question « est-ce que vous souhaitez, mon cher Dominique, quelque chose ? », ma réponse a toujours été, invariablement, la même: « rien ». Il a eu l’occasion de me demander très gentiment, ce que je souhaitais faire, s’il y avait des perspectives qui pouvaient m’intéresser en France ou en Europe, ma réponse a toujours été: « non » « , a-t-il affirmé.
« Est-ce que vous croyez vraiment qu’un maroquin ministériel fait partie des fantasmes sur lesquels je peux vivre ? Non ! », a poursuivi M. de Villepin.
Sur son avenir en politique
Ses ennuis judiciaires ne compromettent toutefois pas, selon lui, un éventuel retour dans le jeu politique.
« Jamais je ne me suis senti aussi libre de mon engagement, aussi déterminé à agir dans le sens de l’intérêt public. Si l’occasion se présente », « je franchirai le pas », a-t-il prévenu en refusant de faire une « distinction entre les élections », législatives ou présidentielle.
« Je suis prêt à servir mon pays et je le ferai en toute circonstance », a-t-il dit.
Sur la crise financière
L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a également rendu hommage à l’action du président Nicolas Sarkozy face à la crise financière tout en estimant que « ce n’est pas un homme seul » qui peut « recréer les conditions de la confiance ».
« Je considère que Nicolas Sarkozy a pris des dispositions rapidement, s’est efforcé dans sa tâche de président de l’Union européenne de coordonner l’action », a-t-il déclaré sur Radio J.
Mais, « ce que je souhaite, c’est qu’au-delà de cette phase initiale de mobilisation face à la crise financière, il y ait la même mobilisation sur les risques économiques pour notre pays et le risque social », a-t-il insisté.
« Il faut le même type d’investissement et il faut que le président, le gouvernement et le Parlement fassent ce travail essentiel de recréer les conditions de la confiance. Ce n’est pas un homme seul qui peut le faire. Le président de la République peut donner l’impulsion mais il y a un travail collectif », a lâché M. de Villepin.
Sur la politique gouvernementale
Face à une crise qui sera « très longue », il faut « faire des choix adaptés ». « Bien évidemment, le budget (pour 2009) qui a été préparé il y a quelques mois ne correspond pas tout à fait à ce qu’il convient de faire aujourd’hui. Il y a des messages forts à adresser aux Français, il y a des sanctuarisations à faire dans le budget », notamment « tout ce qui touche à l’innovation, à l’éducation » et l’emploi, a-t-il ajouté.
« Nous avons besoin d’une vraie politique de l’emploi », a dit celui qui avait lancé « la bataille pour l’emploi » à Matignon, avant d’ajouter, dans une allusion au Contrat première embauche (CPE) -une mesure qu’il avait échoué à mettre en place en 2006 et qui l’avait mis hors-jeu pour la présidentielle-: « j’ai été le Premier ministre qui a décidé de recréer des dispositifs de contrats aidés, contre une partie de ma majorité ».
Interrogé sur l’appel à « l’unité nationale » lancé par son successeur François Fillon, il a quelque peu ironisé en estimant que « ça veut dire peut-être davantage encore écouter l’opposition ».
Sources: Agence France Presse et Le Parisien