Dans « Le Parisien » – « Aujourd’hui-en-France », l’ancien Premier réagit au dernier rebondissement du feuilleton Clearstream: alors qu’on semblait s’acheminer vers un non-lieu, le procureur de Paris réclame le renvoi en correctionnelle de Villepin. L’intéressé y voit « de l’acharnement ».
Il y a encore quelques jours Dominique de Villepin croyait apercevoir le bout du tunnel judiciaire. Mis en cause dans l’affaire Clearstream, l’ancien Premier ministre espérait bénéficier d’un non-lieu. Mais le 6 octobre, à la surprise générale, le procureur de Paris Jean-Claude Marin réclame le renvoi de Villepin devant un tribunal correctionnel pour y répondre de « complicité de dénonciation calomnieuse ».
Muet depuis le réquisitoire, Dominique de Villepin qui était en Grèce ces derniers jours accepte pour la première fois de commenter cette décision judiciaire.
« Des incohérences »
« Je suis surpris et en colère, nous confie t-il. J’ai toujours dit que compte tenu de l’absence de charges le non-lieu s’imposait. Vous êtes toujours étonné quand vous êtes innocent d’être victime d’un certain acharnement. Oui, il y a acharnement. Il y a aura un procès et bien soit, je m’y préparerai ».
Villepin aurait t-il du prévenir la justice à l’été 2004, apprenant que les listings comportant le nom de certaines personnalités – dont celui de Nicolas Sarkozy – étaient truqués ? Il s’en défend. « On ne peut pas à la fois m’accuser d’en avoir trop fait et dans un deuxième temps de ne pas en avoir fait assez. Il y a des incohérences et des insuffisances dans ce qui m’est reproché. Jusqu’à la fin de l’année 2004 personne ne pouvait dire qu’au mois de juillet on savait avec certitude que ses listings étaient faux.
Fallait-il interrompre le cours de la justice ? Ce n’était pas mon avis et aucun élément dont nous disposions ne m’incitait à le faire. Aujourd’hui, on veut reconstruire une vérité, dans un exercice totalement anachronique, avec des informations dont on ne disposait pas à l’époque. Quand vous prenez les notes de la DST à la fin juillet, quand vous prenez les notes de la DST à la fin de l’année, quand vous prenez les notes du général Rondot adressées à sa ministre (NDLR :Michèle Alliot-Marie à la Défense) tout au long de 2004, les interprétations faites aujourd’hui ne sont pas conformes à la vérité d’alors.
Quand un ministre de l’Intérieur a des doutes, il ne peut pas agir comme s’il avait des certitudes. Il y a des précautions à prendre, des vérifications à faire, des évaluations. Et c’est exactement ce qui a été fait en toute transparence ».
« On a voulu me salir »
Quel rôle à joué Nicolas Sarkozy dans le futur renvoi en correctionnelle du l’ex-Premier ministre ? L’ex premier ministre ne souhaite pas relancer la polémique: « En politique il y a souvent la tentation de salir. Moi on a voulu me salir. J’ai rencontré deux fois Nicolas Sarkozy récemment mais nous avons parlé de politique internationale et des grands enjeux de la planète. Je ne veux pas faire d’interprétation, je laisse ça aux autres ».
Le procès pourrait avoir lieu d’ici à un an, peut-être un an et demi. La traversée du désert va donc se poursuivre pour l’écrivain devenu également avocat d’affaires: « Je ne maîtrise pas le calendrier judiciaire mais je suis tout a fait tranquille, tout a fait serein. Cela n’hypothéque en rien la vie qui est la mienne, mon engagement politique. Je continue à travailler, à écrire, à préparer des ouvrages dans différents domaines de la vie internationale et littéraire. Je suis determiné à ce que la vérité apparaisse ».
Source: Le Parisien