Le procureur de la République de Paris a requis mardi le renvoi devant le tribunal correctionnel de Dominique de Villepin et des quatre autres personnes mises en examen dans l’affaire Clearstream, a-t-on appris de source judiciaire.
Dans cette affaire, l’ancien Premier ministre est soupçonné d’avoir organisé une manipulation politique visant à discréditer Nicolas Sarkozy qui se positionnait pour la course à l’Elysée.
Le procureur Jean-Claude Marin estime désormais qu’il existe des charges suffisantes pour faire juger M. De Villepin pour « complicité de dénonciation calomnieuse », a-t-on indiqué de même source. Il a également requis le renvoi de Jean-Louis Gergorin, Imad Lahoud, Florian Bourges et Denis Robert.
Il appartient désormais aux juges d’instruction Henri Pons et Jean-Marie d’Huy de renvoyer ou non les cinq hommes devant le tribunal correctionnel.
En juin dernier, le procureur avait pris un premier réquisitoire réclamant un supplément d’information concernant le rôle de Dominique de Villepin soupçonné d’avoir eu recours à des fichiers falsifiés de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream afin de dénoncer à la justice l’existence de comptes prétendument alimentés par des pots-de-vin au nom de plusieurs personnalités du monde politique.
Les juges d’instruction ont par la suite auditionné l’ancien Premier ministre pendant moins d’une demi-heure avant de clôturer leur enquête et de la retransmettre au parquet pour réquisitions.
Dominique de Villepin a été mis en examen le 27 juillet 2007 pour « complicité de dénonciation calomnieuse », « complicité d’usage de faux », « recel de vol » et « recel d’abus de confiance », son contrôle judiciaire lui interdisant de rencontrer Jacques Chirac.
En juin 2006, l’ancien haut responsable d’EADS, Jean-Louis Gergorin, depuis longtemps soupçonné d’être le « corbeau », a reconnu avoir remis au juge Renaud van Ruymbeke les listings Clearstream. Imad Lahoud, informaticien ayant travaillé pour EADS, a été mis en examen dans ce dossier. Il est soupçonné d’avoir trafiqué les listings récupéré auprès du journaliste Denis Robert qui les tenait de Florian Bourges, ex-auditeur de Arthur Andersen ayant participé à un audit de Clearstream.
Dominique de Villepin s’est toujours défendu de toute manipulation, assurant avoir demandé deux enquêtes dans le cadre de ses fonctions ministérielles. L’une en janvier 2004 en tant que ministre des Affaires étrangères, confiée au général à la retraite Philippe Rondot, après que M. Gergorin lui eut montré les listings quelques jours plus tôt. L’autre à la DST, six mois plus tard, lors de son passage place Beauvau.
Devant les juges, Jean-Louis Gergorin a affirmé que c’est à la demande de Dominique de Villepin, lui-même agissant sur instruction du président Jacques Chirac, qu’il a remis en mai et juin 2004 au juge Van Ruymbeke les listings Clearstream.
Source: Associated Press