L’ex-ministre Gérard Larcher a remporté brillamment mercredi la primaire du groupe UMP pour la présidence du Sénat et il devrait donc, sauf coup de théâtre, accéder le 1er octobre à ce poste très convoité.
Le sénateur-maire de Rambouillet, 59 ans, ancien ministre du gouvernement de Dominique de Villepin, a été victorieux dès le premier tour du scrutin, avec une large avance sur son principal rival l’ex-chef de gouvernement Jean-Pierre Raffarin. Le sénateur de la Vienne n’a en effet recueilli que 56 voix contre 78 (deux de plus que la majorité absolue) à celui des Yvelines. L’outsider Philippe Marini a obtenu 17 suffrages.
Sénateur-maire UMP de Rambouillet, ex-ministre du Travail, Gérard Larcher est un gaulliste, fin connaisseur de la Haute Assemblée, à la réputation d’homme qui « mouille sa chemise ».
Âgé de 59 ans, il a été vétérinaire de campagne pendant 14 ans. Il est amateur de bonne chère, de bons vins, de chevaux, de chasse. Cet homme à la rondeur joviale a évoqué ces passions notamment dans un livre de photos d’animaux de ferme cosigné avec Yann Arthus-Bertrand. « Il fut même couronné ‘bébé Blédine’ avant de savoir marcher », indique une biographie de ce Normand né le 14 septembre 1949 à Flers (Orne). « J’avais déjà bon appétit », plaisante pour sa part Gérard Larcher.
Il s’engage dans les jeunes gaullistes en 1966 en 1ère au Lycée « par admiration pour le général de Gaulle » mais aussi « par influence familiale ». Son père fut longtemps maire d’un village de l’Orne. Maire de Rambouillet depuis 1983, Gérard Larcher a conservé ce fauteuil, avec la seule interruption d’une parenthèse ministérielle entre 2004 et 2007. Il rejoint en 1976 le RPR dont il intègre le bureau politique (1995-1998), puis le comité politique. Il fut longtemps proche de Charles Pasqua.
Le Sénat, une passion
Beaucoup, à propos de cet homme de réseaux, évoquent une appartenance à la franc-maçonnerie, qu’il nie fermement. Mais la spiritualité est importante pour ce baptisé catholique devenu protestant par amour de son épouse. « Je me sens bien dans toutes les églises, je rêve d’un courant transchrétien », confie-t-il. Lors de son passage au ministère du travail dans le gouvernement Raffarin III (2004-2005) puis celui de Dominique de Villepin (2005-2007) il acquiert la réputation de savoir écouter et d’être fin négociateur. « La plupart des syndicalistes, de droite comme de gauche, évoquaient un homme qui mouillait sa chemise, participant lui-même aux négociations jusqu’à très tard », rapporte un témoin de cette période. Lui-même dit « avoir gardé des relations » avec ses partenaires d’alors. « Vous seriez étonnés de savoir de qui j’ai reçu des encouragements », glisse-t-il.
Mais son autre passion, assure-t-il, c’est le Sénat. « J’aime profondément cette maison où j’ai passé 18 ans ». En 1986, à 36 ans, il remporte le siège des Yvelines, devenant le plus jeune sénateur. Réélu en 1995, il revient au palais du Luxembourg en 2007, après la parenthèse ministérielle. Il a été vice-président du sénat de 1997 à 2001 puis président de la commission des Affaires économiques de 2001 à 2004. Il est aussi l’auteur de trois rapports sur La Poste en 1997, 1999 et 2003 dans lesquels il préconise sa transformation en société anonyme à capitaux publics.
Depuis son retour rue de Vaugirard, ce père de trois enfants est sur tous les fronts, présidant la commission spéciale sur la loi de modernisation de l’économie, coprésidant une mission sur la flexi-sécurité pour l’Union européenne (UE), participant au groupe de travail UMP sur la réforme constitutionnelle. Il prend la tête d’une mission sur l’avenir de l’hôpital dont le rapport préconisant les regroupements d’établissements inspire la future réforme hospitalière de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot. De 1997 à 2004, il a présidé la Fédération hospitalière de France (FHF) qui représente la quasi-totalité des hôpitaux publics. De 1985 à 1992, il a aussi a été conseiller régional d’Ile-de-France.
Source: Le Point