François Baroin, ancien ministre de l’Intérieur et à ce titre responsable des cultes, estime que la laïcité est « une valeur absolue » et n’est donc « ni positive ni négative », dans un entretien paru dans Le Journal du Dimanche.
Vendredi, en recevant le Souverain pontife à l’Elysée, le chef de l’Etat avait de nouveau défendu une « laïcité positive » et « ouverte », neuf mois après avoir provoqué la polémique avec son discours prononcé en la basilique romaine de Saint-Jean-de-Latran.
Auteur en 2003 d’un rapport intitulé Pour une nouvelle laïcité, François Baroin, ancien ministre de l’Intérieur et député-maire UMP de Troyes (Aube), a livré au JDD ses impressions sur le voyage du pape en France. « L’Etat doit se tenir à égale distance de toutes les religions », estime-t-il.
S’il juge « normal » que « le président de la République accueille le pape au pied de l’avion », il craint que davantage de « porosité entre l’Etat et la religion » n’engendre à terme des « débats plus virulents, une suspicion toxique ».
François Baroin estime notamment que « la laïcité n’est ni positive ni négative, c’est une valeur absolue et c’est une règle de vie en commun. Elle est née de la loi de 1905, fruit de plusieurs siècles de rivalités, d’oppositions et même de grandes violences. C’est aujourd’hui le point d’équilibre de notre façon de vivre ensemble, c’est pourquoi le rôle de l’Etat n’est pas de nous entraîner sur une croyance quelle qu’elle soit, mais de se tenir à égale distance de chacune des religions pratiquées dans notre pays. Et par là même de permettre à chacun, croyant ou non croyant, sceptique, dans le doute ou quasiment hostile, de vivre en toute liberté avec ou sans foi, mais avec la loi et son principe de liberté, d’égalité et de fraternité ».
Si le chef de l’Etat « a raison de rappeler nos racines chrétiennes », « il est indispensable de préciser que le tronc est devenu laïque et que chacune des branches doit pouvoir s’épanouir comme elle le souhaite dans le cadre d’un Etat de droit ».
M. Baroin, chiraquien, note toutefois une « évolution intéressante et très utile » du discours de M. Sarkozy, qui « n’a pas redit » que « jamais l’instituteur ne pourra remplacer le curé ou le pasteur », comme il y a neuf mois dans son discours prononcé dans la basilique romaine Saint-Jean-de-Latran.
Source: Journal du Dimanche