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Financement du RSA: une "grande majorité" des députés UMP en désaccord avec "la parole officielle", selon Hervé Mariton

Le député UMP de la Drôme Hervé Mariton a assuré samedi qu’une « grande majorité des députés » de l’UMP sont en désaccord avec « la parole officielle qui est servie avec zèle » sur le revenu de solidarité active (RSA) et qu’ils sont très réticents face à son financement par la création d’une nouvelle taxe.

« Le principe du financement n’est pas bon », a affirmé le député aux journalistes lors de l’université d’été du parti majoritaire, prenant ainsi le contre-pied du discours répété par les responsables du parti majoritaire et du gouvernement présents.

« Il ne faudrait pas que la précaution que l’on met à calmer le débat de personnes éteigne les débats de fond », a-t-il également déclaré.

« Je suis d’accord avec le financement », a d’ailleurs marqué le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau avant de s’éclipser rapidement.

« En dehors de la parole officielle qui est servie avec zèle, est-ce qu’il y a beaucoup de gens qui ne sont pas d’accord avec moi? Je ne le crois pas », a insisté Hervé Mariton, affirmant que « la grande majorité des députés (UMP) sont sur la même ligne ».

Parlant de la taxe sur le capital destinée à financer le RSA, le député de la Drôme déclare d’ailleurs au Point: « Si le gouvernement en arrive là, c’est l’abandon de toute ambition de réforme de l’Etat. Si on se donne des objectifs ambitieux, il faut savoir faire des économies budgétaires. Etre moderne, c’est rompre avec la tradition qui veut un nouvel impôt à chaque nouvelle dépense ».

Accusé de rompre avec l’unité affichée lors du Campus des Jeunes Populaires qui s’est tenu ce weekend à Royan, il revendique sa liberté de ton: « L’UMP doit pouvoir laisser le débat se développer. Une UMP affadit serait une UMP affaiblie. Que le gouvernement soit uni dans la défense de ses projets me paraît normal, mais le parti a peut-être un rôle différent à jouer ».

Martin Hirsch, venu faire la pédagogie de son projet de loi, s’est montré ouvert, se disant favorable « à la solution qui sera finalement retenue après ce débat ». « Ce sur quoi je sais que ni le président de la République, ni le gouvernement ne flanchera, c’est qu’on ne va pas donner moins pour ce projet », a-t-il néanmoins rappelé, soulignant que « ceux qui sont taxés à cent pour cent, ce sont les plus pauvres. Quand ils retravaillent pour 500 euros, ils perdent 500 euros ».

« On va avoir un bon débat », a de son côté prédit Hervé Novelli, seul membre du gouvernement à exprimer ouvertement une réticence sur le financement proposé. Il avait en effet déclaré en milieu de semaine: « La philosophie du RSA est bonne », car elle incite au travail, mais la majorité avait « pris collectivement un engagement de modération ou de baisse des prélèvements obligatoires » lors de la campagne présidentielle.

Le député de la Drôme a promis que le débat parlementaire qui se tiendra dès la session extraordinaire convoquée le 22 septembre sera l’occasion pour la majorité de déposer des amendements sur la question du financement. Outre l’évaluation du dispositif, il entend en particulier que la surtaxe de 1,1% sur les revenus du capital instaurée « puisse disparaître ».

« Beaucoup de gens souhaitent que ce soit provisoire », a reconnu le vice-président de l’UMP Jean-Pierre Raffarin, qui se dit lui-même favorable à cette idée. Le sénateur de la Vienne, qui se prépare à être candidat à la présidence du Sénat, a par ailleurs émis l’idée d’une franchise, qui limiterait le paiement de la nouvelle taxe aux ménages les plus aisés.

Comme le souligne malicieusement Hervé Mariton, « il ne faudrait pas que la précaution que l’on met à calmer le débat de personnes éteigne les débats de fond ».

Sources: Associated Press et Le Point

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