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Bruno Le Maire réaffirme sa loyauté vis-à-vis de Dominique de Villepin

Dans une interview au Figaro, Bruno Le Maire, député et ex-directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, réaffirme son « amitié » et son « admiration » pour l’ancien Premier Ministre et s’exprime sur le RSA qu’il qualifie de « décision courageuse »: « Je n’ai jamais eu une réaction aussi négative des militants UMP », confie-t-il, alors que se déroulent les universités d’été de l’UMP.

Le Figaro: L’UMP faire une démonstration d’unité à Royan ce week-end, malgré des rumeurs de remplacement de Patrick Devedjian. Ne craignez-vous pas une guerre des chefs comme au PS ?

Bruno Le Maire: Non. Nous affichons une unité très forte au sein de l’UMP face à une opposition au contraire profondément divisée, qui se déchire et se critique elle-même. Le rôle de l’UMP est de nourrir la réflexion du président de la République et de défricher de nouveaux terrains en matière économique, sociale ou internationale. On passe trop de temps sur les questions de personnes ou d’organisation interne.

Quel leader vous séduit aujourd’hui le plus au sein de la majorité ?

C’est vraiment la question piège ! J’ai beaucoup d’amitié et d’admiration pour Dominique de Villepin. Je l’ai servi avec beaucoup de loyauté, je reste proche de lui et n’ai pas de raison de me mettre derrière un autre. Il n’est pas dans mes habitudes de changer de cheval.

Les adhésions sont en net recul (210.000 militants aujourd’hui contre 370.000 fin 2007). Comment relancer la machine ?

On arrivera à faire revenir les gens à deux conditions : qu’ils aient l’assurance de participer au débat politique et de pouvoir désigner leurs représentants aux élections. Cette démocratie interne sera appliquée pour les élections régionales de 2010 où nos militants choisiront les têtes de liste.

Faut-il financer le RSA en taxant les revenus du capital ?

C’est une décision courageuse. Car depuis que je suis élu, je n’ai jamais eu une réaction aussi négative des militants UMP. Ils me disent : «vous vous étiez engagés à garder le même taux de prélèvements obligatoires et là vous créez un nouvel impôt, nous ne comprenons pas.» Mais je reste persuadé que c’était le bon choix. La situation sociale du pays appelle une réaction rapide, efficace et ambitieuse. Le RSA répond à cette triple-exigence. Il est conforme à nos valeurs : c’est par le travail qu’on arrive à gagner sa vie. Il est aussi courageux de dire : nous avons besoin d’un milliard et demi d’euros, on crée une nouvelle taxe et on fait appel à la générosité de tous les Français. Ce langage peut être compris, mais mettre le 1,1% de taxe dans le bouclier fiscal reste une erreur. Cet effort doit être supporté par tous et comme tout effort exceptionnel, on doit déroger au bouclier fiscal. J’attends beaucoup du débat parlementaire qui va s’ouvrir.

La rentrée parlementaire promet d’être très chargée. Quelle doit être la priorité de la deuxième année du quinquennat Sarkozy ?

La poursuite de la réforme des universités et de l’enseignement supérieur. Il faut encore accentuer l’autonomie des universités, pour qu’elles aient la capacité de construire elles-mêmes des cursus à leurs étudiants répondant aux attentes du monde professionnel ou de la recherche, au lieu d’avoir un schéma unique pour tout le monde. Quant aux droits de scolarité, faire croire aux Français qu’on pourra maintenir un niveau mondial en conservant la gratuité pour tout le monde, c’est un mensonge. Il faudra donc des droits de scolarité plus élevés, modulables en fonction des revenus des parents. Le système boursier doit également être profondément repensé.

Espérez-vous un jour être nommé ministre dans un gouvernement Sarkozy ?

Je fais un investissement très important dans ma circonscription, dans le département de l’Eure et dans la région Haute-Normandie, en y prenant beaucoup de plaisir. Je fais ce travail-là et je ne me pose pas beaucoup de questions pour mon avenir ministériel. Et si la question se posait, j’y réfléchirais à ce moment-là !

Source: Samuel Potier (Le Figaro

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