Elections européennes, Afghanistan, Rwanda: les principales déclarations de Dominique de Villepin qui était dimanche le premier invité de la nouvelle saison du Grand Jury RTL – Le Figaro – LCI.
Elections européennes 2009: Dominique de Villepin n’est pas candidat
L’ancien Premier ministre UMP Dominique de Villepin a déclaré qu’il ne « briguait aucun poste » pour les élections européennes de 2009.
« Je ne brigue aucun poste. Il a été indiqué que je pourrais postuler pour les élections européennes. Je dois dire que mon état d’esprit aujourd’hui c’est beaucoup plus d’apporter une contribution à la réflexion et à la stratégie à définir pour permettre à notre pays de sortir de la crise », a déclaré M. de Villepin au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro.
Evoquant le fait de ne s’être jamais présenté à une élection, ce pour quoi il a souvent été critiqué, y compris dans son propre camp politique, celui qui fut notamment sous Jacques Chirac secrétaire général de l’Elysée, ministre des Affaires étrangères et Premier ministre, a souligné: « on m’a proposé des postes, on m’a confié des missions, et je les ai acceptés ».
En quittant Matignon en 2007, « j’aurais pu choisir de devenir député, de devenir un élu. Je ne l’ai pas voulu », a-t-il ajouté.
« J’ai ressenti le besoin d’une autre expérience », de « repartir à zéro » dans une « expérience professionnelle », a ajouté M. de Villepin, qui a entamé en janvier 2008 une carrière d’avocat international.
Afghanistan: Dominique de Villepin pose la question du calendrier
Dominique de Villepin exclut un retrait immédiat des troupes françaises d’Afghanistan tout en jugeant que la question des priorités et de la durée de la présence française doit être posée.
L’ex-Premier ministre a estimé que retirer les forces françaises après l’opération qui a coûté la vie à dix soldats « serait le pire message que nous pourrions adresser aux terroristes ».
« Néanmoins, il faut se poser les questions essentielles, en particulier la question des priorités de notre action en Afghanistan et de la durée de notre présence là-bas », a-t-il ajouté. « Il est nécessaire de se fixer des objectifs, car plus le temps passe, plus nos troupes se trouvent dans une situation fragile ».
La question de la présence française en Afghanistan sera débattue au Parlement le 22 septembre.
Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères seront entendus mardi par les députés des commissions concernées, huit jours après l’embuscade meurtrière.
Dominique de Villepin a expliqué avoir eu la conviction avec l’ancien président Jacques Chirac qu’il fallait « inscrire toute opération extérieure dans un calendrier », raison pour laquelle le retrait des forces spéciales avait été décidé en 2007.
« Au moment même où on intervient dans un pays, il faut se poser la question du retrait, ne serait-ce que pour définir les bonnes stratégies qui, le moment venu, vont permettre ce retrait », a-t-il avancé.
« Ce calendrier n’a pas à être public mais il est nécessaire de se fixer des étapes, des objectifs. »
Soulignant que la lutte contre le terrorisme n’impliquait pas uniquement la guerre, l’ancien ministre des Affaires étrangères a estimé que la stratégie politique face à la crise afghane avait été « insuffisante ».
« Trouvons les moyens et les clés d’une solution politique qui nous permette d’agir de façon plus indirecte, d’établir ce calendrier de retrait de façon à ne pas nous enliser dans une guerre que nous ne pouvons pas gagner sur le terrain », a-t-il dit.
« Je crois qu’on l’on ne doit pas demander à des militaires de se battre alors qu’ils ne disposent pas eux-mêmes de toutes les armes pour véritablement gagner. »
La question de la présence française en Afghanistan sera débattue au Parlement le 22 septembre.
Rwanda: Dominique de Villepin accuse Kigali de jouer avec l’histoire
Interrogé sur le Rwanda, Dominique de Villepin, mis en cause dans un rapport rwandais sur le génocide de 1994, a accusé dimanche les autorités de Kigali de « jouer avec l’Histoire », affirmant de son côté « ne pas craindre » la vérité.
Dans un rapport publié début août, le Rwanda a une nouvelle fois accusé la France d’avoir activement « participé » à l’exécution du génocide de 1994 et a envisagé des suites judiciaires. M. de Villepin, alors directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, figure parmi les 13 dirigeants français incriminés par ce rapport.
« Il ne faut pas tout mélanger », a déclaré dimanche M. de Villepin au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. « Il s’est produit un drame, un génocide. Le seul pays au monde qui a pris le risque d’une intervention (…) c’est la France ».
« Faut-il faire le procès du pays, de l’armée française, qui a pris le risque d’aller au Rwanda pour sauver des milliers de vies », a-t-il poursuivi, affirmant s’être personnellement « battu pour que l’on ferme Radio mille collines, (…) pour que nous allions sauver des Rwandais dans des quartiers qui étaient menacés et menaçants ».
« Il y a bien sûr un devoir de mémoire, il y a bien sûr une exigence de vérité, et moi je ne crains en aucun cas cet exercice là, mais je crois qu’il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes ».
« Quand les autorités rwandaises, parce qu’elles craignent une mise en cause judiciaire de la part de la justice française, prennent cette occasion pour faire un rapport et remettre les compteurs à zéro, je crois qu’elles jouent avec l’Histoire, cela n’est pas conforme à la vérité historique », a-t-il conclu.
Les autorités françaises ont rejeté comme « inacceptables » les conclusions du rapport rwandais.
Kigali a rompu en novembre 2006 ses relations diplomatiques avec Paris après que le juge Jean-Louis Bruguière eut réclamé des poursuites contre le président rwandais Paul Kagame pour sa « participation présumée » à l’attentat contre l’avion de l’ex-président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, qui avait déclenché le génocide.
Pouvoir d’achat, Institutions
Dominique de Villepin a rappelé que le paquet fiscal voté à l’été 2007 ne lui paraissait pas opportun et qu’il aurait été plus judicieux alors de prendre des mesures de justice sociale afin de redistribuer du pouvoir d’achat aux Français. Sur le plan économique, il a demandé la poursuite des réformes structurelles, en souhaitant notamment une baisse des charges sociales pesant sur les entreprises et un transfert vers une nouvelle taxe portant sur le capital.
L’ancien Premier ministre a également rappelé son opposition à la réforme des institutions votée le mois dernier, jugeant qu’il s’agissait d’un sujet accessoire par rapport aux enjeux auxquels est confronté actuellement la France.
La chute ou l’Empire de la solitude 1807 -1814 (éditions Perrin)
A l’issue de l’émission, Dominique de Villepin a dédicacé son dernier ouvrage: La chute ou l’Empire de la solitude 1807-1814, paru cette semaine aux Editions Perrin.
Sources: Agence France Presse, Reuters et Le Journal du Dimanche