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Le sang français en Afghanistan

Voilà sept ans que leur régime a été chassé de Kaboul, la capitale afghane. Chaque jour qui passe, cependant, les taliban manifestent à quel point leur mouvement n’a rien perdu de sa vigueur. Bien au contraire.

Dernier signe en date, l’embuscade, lundi 18 août, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Kaboul, qui a provoqué la mort de 10 soldats français de la force de l’Otan, dans le district de Saroubi. En se rendant aussitôt à ­Kaboul, le chef de l’Etat confirme une évidence: l’alerte est grave.

Ces pertes sont les premières depuis le renforcement de la présence militaire en Afghanistan, aujourd’hui de l’ordre de 3000 hommes, annoncé par Nicolas Sarkozy lors du sommet de l’Otan à Bucarest, en avril. Elles représentent le bilan le plus lourd, pour les forces françaises, depuis l’attentat contre le Drakkar, en 1983, à Beyrouth, qui fit 58 morts. Seuls 14 militaires français avaient été tués en Afghanistan depuis la fin de 2001.

Quelque 700 soldats français sont déployés dans cette région très particulière, qui commande l’accès à la capitale. Avant 2001, la zone était partagée entre forces alliées au commandant Massoud et militants du Hezb-e Islami. Aujourd’hui, les taliban y règnent en maîtres, selon un membre haut placé des services secrets afghans, interrogé, il y a quelques semaines, par l’envoyé spécial de L’Express: « Ils ont investi les ­villages et obligent la population à les protéger, affirmait-il. Les extrémistes jouent sur le mécontentement des paysans, qui n’ont vu aucun changement depuis 2001. »

Les taliban, qui avaient déjà tué neuf soldats américains, le mois dernier, lors d’un attentat, semblent bénéficier de l’appui de certains djihadistes rentrés d’Irak. Leur objectif, pour le moment, semble être moins de contrôler le territoire que de terroriser la population et de harceler les troupes étrangères déployées sur place.

Dans la campagne pour la présidentielle aux Etats-Unis, Barack Obama et John McCain n’ont cessé de répéter que l’Afghanistan constituait la « première urgence », avant le théâtre irakien. C’est aussi l’avis de ­Nicolas Sarkozy, qui a choisi d’impliquer davantage la France.

Sitôt confirmées les lourdes pertes subies lundi par l’armée française lors de combats avec les talibans, le chef de l’Etat, qui termine ses derniers jours de vacances dans le sud-est de la France, est monté en première ligne en annonçant qu’il se rendrait immédiatement en Afghanistan.

« Dès ce soir, je me rendrai en Afghanistan pour (…) assurer (aux militaires français engagés, ndlr) que la France est à leurs côtés », a-t-il déclaré dans un communiqué. S’il a reconnu que la France avait été « durement frappée », Nicolas Sarkozy a tenu à assurer que cet épisode ne la détournerait pas de « son combat contre le terrorisme ». « Ma détermination est intacte. La France est résolue à poursuivre la lutte contre le terrorisme, pour la démocratie et la liberté », a assuré le président. « La cause est juste, c’est l’honneur de la France et de ses armées de la défendre », a-t-il ajouté.

Répondant à l’appel insistant des Américains, le chef de l’Etat avait annoncé en avril, lors du sommet de l’Otan à Bucarest, l’envoi en Afghanistan d’un bataillon supplémentaire de 700 soldats français, dont les effectifs actuels en Afghanistan tournent autour de 3.000 hommes.

Cette décision a suscité de nombreuses critiques de l’opposition de gauche, qui avait mis en garde Nicolas Sarkozy et même déposé à l’Assemblée nationale une motion de censure, contre l’ »alignement » de Paris sur Washington.

Sources: Marc Epstein (L’Express) et Agence France Presse

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