Une « critique positive » du plan banlieues du gouvernement : c’est ainsi que l’ancien président de SOS Racisme Fodé Sylla, aujourd’hui membre du Conseil économique et social (CES), présente son rapport en faveur de l’emploi des jeunes des quartiers populaires.
Constatant que 38,1 % des jeunes de ces quartiers sont au chômage, soit deux fois plus que la moyenne nationale, le CES a élaboré une série de propositions, qui seront remises aujourd’hui à la secrétaire d’Etat à la Politique de la ville, Fadela Amara.
« Depuis les émeutes de 2005, le Conseil économique et social devait se pencher sur les questions de l’emploi des jeunes dans les quartiers défavorisés », a souligné Fodé Sylla, qui est également le « monsieur Diversité » du groupe nucléaire Areva. Son rapport identifie 5 facteurs d’échec et propose des mesures pour y remédier.
Renforcer la formation et l’accompagnement
Selon le CES, la difficulté pour les jeunes de trouver un emploi résulte d’un manque d’accompagnement scolaire et de problèmes d’orientation. « Beaucoup de jeunes ne sont pas orientés conformément aux besoins du marché du travail ». Il faut ainsi favoriser la connaissance de l’entreprise et surtout améliorer l’orientation grâce à un appui individualisé durable.
Faciliter la mobilité en finançant le permis de conduire
Les difficultés de mobilité sont un frein. « Il n’est pas normal qu’un jeune de Villiers-le-Bel mette une heure trente pour aller à Roissy en transports en commun », souligne Fodé Sylla. Le CES envisage que la formation au permis de conduire soit gratuite pour les jeunes des quartiers populaires. L’amélioration du transport public est aussi une priorité.
Une nouvelle approche des exonérations fiscales
Une nécessité selon le rapport : développer l’activité économique dans ces quartiers. Le CES envisage un système de zone franche urbaine (ZFU) attaché, pour les exonérations fiscales, non pas au lieu d’implantation de l’entreprise, mais au lieu de résidence des salariés recrutés. Cela représente une alternative aux zones franches, détournées de leurs objectifs initiaux par des « chasseurs de primes » peu soucieux de la diversité.
Renforcer les sanctions
« Dans certaines entreprises, il y a une vraie volonté de diversité », souligne Fodé Sylla. Mais le CES juge nécessaire de renforcer les luttes contre les discriminations. Il suggère que des sanctions soient inscrites parmi les critères d’accès au marché public. Il faut agir en amont par un travail de prévention des agents du service public et des responsables des RH. Le CES préconise la création d’un label diversité afin d’encourager les entreprises.
Transformer les modalités de recrutement
Pour Fodé Sylla, « la discrimination est un délit ». Ainsi, il faut favoriser les méthodes de simulation et d’habilité, permettant de mieux identifier les compétences. L’accès à l’emploi pour les jeunes étrangers doit être amélioré. Une autre proposition phare : inscrire dans la loi les discriminations liées à l’adresse, nouvelle forme de discrimination positive.
Source: Les Echos