Le gouvernement a tenté cette semaine de rassurer les députés inquiets des fermetures de bases militaires consécutives au Livre blanc de la défense. Lors d’un débat à l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Fillon a promis de consacrer 320 millions d’euros à des subventions d’investissements pour les communes mises en difficulté financière par la réorganisation de la défense.
Ces assurances n’ont pas levé les inquiétudes des députés, dont beaucoup, y compris à l’UMP, déplorent le manque de concertation sur la réforme.
Ce débat sans vote était destiné à faire de la pédagogie auprès des députés sur les orientations du Livre blanc de la défense, présenté le 17 juin dernier par Nicolas Sarkozy.
Les 54.000 suppressions d’emplois annoncées sur les six ou sept prochaines années, ainsi que la révision de la carte militaire qui en découle, inquiètent les élus. Les moyens seront regroupés en 90 bases de défense réparties dans 400 communes, a confirmé M. Fillon, sans plus de précisions. La nouvelle carte militaire doit être présentée entre le 3 et le 8 juillet par le ministre de la Défense Hervé Morin.
Devant un hémicycle désert -40 députés présents en ce jeudi après-midi-, le Premier ministre a promis « un large dispositif d’accompagnement » pour les communes touchées par les fermetures et transferts d’unités avec « pour objectif principal la création de nouveaux emplois ». Les communes les plus touchées « feront l’objet d’un accompagnement personnalisé » sous la forme de « contrats de site » ou de « conventions d’aménagement ».
M. Fillon a surtout promis un « dispositif de soutien au financement des communes dont le budget sera fortement déséquilibré » par les fermetures de bases: « 320 millions d’euros de subventions d’investissements y seront consacrés ».
Le Premier ministre a confirmé que les marges dégagées par la réorganisation des armées « seront intégralement réinvesties » au profit de la condition du personnel et du budget d’équipement des armées. Ce dernier « passera de 15,5 milliards d’euros en 2008 à 18 milliards d’euros par an en moyenne pour la période 2009-2020″. Après Nicolas Sarkozy, il a assuré que les crédits de la défense, prévus par la prochaine loi de programmation militaire 2009-2014, « ne baisseront pas ».
Ces assurances n’ont pas levé les inquiétudes des députés, dont beaucoup, y compris à l’UMP, déplorent le manque de concertation sur la réforme. « On n’a pas d’informations, la presse en a plus que nous », glisse le député UMP de l’Hérault Jean-Pierre Grand, qui attend que « l’Etat se comporte en patron responsable, pas en patron-voyou ».
« Le groupe UMP dans sa totalité sera extrêmement vigilant », a prévenu à la tribune Michel Voisin, orateur du groupe majoritaire.
A gauche, le communiste Jean-Paul Lecoq a dénoncé l’absence de concertation préalable avec les syndicats et les élus, « mis devant le fait accompli », à l’image selon lui de la réforme de la carte judiciaire.
Des députés de tous bords ont profité du débat pour interpeller le gouvernement sur la réintégration, envisagée pour 2009, de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN. Le socialiste Jean-Michel Boucheron a fustigé une « erreur majeure qui consisterait à dissoudre notre identité dans celle d’un Occident mythique et unifié » et « conduirait directement au choc des civilisations et à des conflits majeurs ».
Pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, un tel projet « rompt avec 40 ans d’indépendance nationale au service d’une politique étrangère différente ».
Hervé Morin a répondu que le retour dans l’OTAN était conditionné aux progrès dans l’Europe de la défense, priorité de la présidence française de l’Union européenne à partir du 1er juillet.
Source: Associated Press