Si Bachar el-Assad assiste aux festivités du 14-Juillet, Jacques Chirac pourrait être absent pour marquer son désaccord vis-à-vis de la présence de celui qui est soupçonné d’avoir commandité l’assassinat, en 2005, de l’ancien Premier ministre Raffic Hariri, l’ »ami » de l’ancien président. Jacques Chirac avait alors rompu le dialogue franco-syrien.
La présence de Bachar al-Assad aux festivités du 14-Juillet n’a pas fini de faire des remous dans la classe politique française. Après les critiques de l’opposition et les hésitations de Bernard Kouchner, ministres des Affaires étrangères et de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, c’est au tour de Jacques Chirac de montrer sa réprobation. Et de manière assez spectaculaire.
L’ancien président de la République a choisi de ne pas venir aux cérémonies de la Fête nationale en raison de la présence du président syrien, selon une information de la radio RTL. Son entourage a simplement confirmé son absence, sans pour autant en donner la raison.
En 2005, Jacques Chirac avait suspendu le dialogue franco-syrien après l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri, un proche, voire un « ami », de l’ancien président. Al-Assad a toujours été soupçonné d’avoir commandité cet attentat. Une commission d’enquête internationale avait mis en cause de hauts responsables des services de sécurité syriens, bien que Damas ait toujours nié toute implication. Depuis son départ de l’Elysée, le couple Chirac est hébergé « gracieusement » par la famille Hariri dans un appartement quai Voltaire à Paris.
Pour Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, tout cela peut se « comprendre » dans la mesure où Jacques Chirac a « des relations très personnelles avec la famille Hariri ». « Sa présence est la conséquence logique de sa présence au sommet de l’Union pour la Méditerranée (le 13 juillet) et qui rassemble l’ensemble des pays autour de la Méditerranée, du nord comme au sud, donc la Syrie en fait partie ». Il aurait été « illogique » de ne pas l’inviter alors qu’il est là le 13. « Il s’agit de la paix au Liban et pas de contrats commerciaux. Je le répète, l’invité d’honneur du 14-Juillet est Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU », a-t-elle conclu.
Le socialiste Pierre Moscovici, ministre délégué aux Affaires européennes sous le gouvernement de Lionel Jospin et donc sous la présidence de Jacques Chirac, comprend lui aussi l’absence de l’ancien président. C’est une réaction « épidermique », mais « compréhensible » par l’ »attachement qu’avait Jacques Chirac à la famille Hariri ». « Il avait, on le sait, avec Rafic Hariri des relations d’une extraordinaire proximité (…) et il a toujours estimé pour sa part que la Syrie et le président Bachar al-Assad étaient directement responsables de l’assassinat de celui-ci », a-t-il jugé.
Mercredi, Claude Guéant a rappelé que le président syrien n’avait pas encore répondu à l’invitation qui lui a été faite pour le 14 juillet. Sa présence sera remarquée, et l’absence de l’ancien président français aussi.
Source: Vivien Vergnaud (Le Journal du Dimanche)