Les juges d’instruction chargés de l’affaire Clearstream ont partiellement fait droit mardi aux réquisitions supplétives du parquet de Paris, demandant la transmission des notes réalisées par ce dernier en 2001 à la suite de la publication d’un ouvrage de Denis Robert sur cette chambre de compensation luxembourgeoise, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
En revanche, les deux magistrats instructeurs n’ont, pour l’instant, pas donné suite à la demande du procureur de la République qui souhaitait une nouvelle audition de l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, estimant insuffisantes les charges pesant sur ce dernier, a-t-on précisé de même source.
Les juges chargés du dossier de dénonciation calomnieuse Clearstream ont accepté de rouvrir l’enquête judiciaire, clôturée le 22 février, pour mieux cerner le rôle de Dominique de Villepin dans cette affaire, comme le leur a demandé le parquet de Paris.
Les juges Jean-Marie d’Huy et Henri Pons ont notamment demandé officiellement mardi soir au parquet de Paris la communication des notes rédigées en 2001 par les services du procureur après la publication aux éditions Les Arènes de l’ouvrage « Révélation$ » du journaliste Denis Robert consacré à la chambre de compensation financière Clearstream, a indiqué une source judiciaire.
Les magistrats souhaitent également se voir communiquer les articles de presse publiés la même année après la publication de l’ouvrage, selon cette source.
La réouverture du dossier d’instruction, induite par ces deux demandes, apparaît comme une surprise. Les deux magistrats ont en effet eu des rapports divergents et tendus avec le parquet sur cette affaire et ont rejeté toutes les demandes d’actes complémentaire formulées par les autres acteurs du dossier.
« Dominique de Villepin est prêt à répondre à toutes les questions qui pourraient lui être posées dans cette affaire où il n’a jamais cessé d’affirmer qu’il n’avait aucune responsabilité », a réaffirmé à l’AFP Me Olivier d’Antin, l’un de ses avocats, qui s’ »étonne » de la décision des juges.
« Il y a eu 36 perquisitions, vingt expertises, 54 heures d’audition de M. de Villepin et une implication sans précédent de la police dans un dossier avant que le parquet et les juges constatent que les charges sont insuffisantes pour mettre en cause mon client », a poursuivi l’avocat.
« Dans un dossier normal, quand il n’y a pas de charge contre quelqu’un, la décision qui s’impose c’est le non-lieu », a-t-il souligné.
Jugeant qu’à la clôture de l’instruction, « les charges n’apparaissent pas suffisantes » pour justifier le renvoi de M. de Villepin devant le tribunal correctionnel, le parquet avait demandé aux juges de reprendre leur enquête pour préciser la connaissance que l’ancien Premier ministre pouvait avoir de la société Clearstream et d’Imad Lahoud, falsificateur présumé des listings.
Il avait notamment demandé dans ce cadre que soit versées au dossier d’instruction « les notes sommaires réalisées au parquet de Paris après la publication de l’ouvrage « Révélation$ » et les articles de presse sur cette affaire. Une nouvelle audition de M. de Villepin est également réclamée par le ministère public.
Le parquet souhaitait une nouvelle audition de M. De Villepin car l’information judiciaire n’a pas permis de déterminer que l’ancien Premier ministre a réellement eu connaissance du caractère frauduleux des soi-disant listings Clearstream lors de leur transmission à la justice. Condition indispensable pour être poursuivi pour dénonciation calomnieuse.
Dominique de Villepin s’est toujours défendu de toute manipulation, assurant avoir demandé deux enquêtes dans le cadre de ses fonctions ministérielles: l’une en janvier 2004 en tant que ministre des Affaires étrangères, confiée au général à la retraite Philippe Rondot, après que M. Gergorin lui eut montré les listings quelques jours plus tôt, et l’autre à la DST, six mois plus tard, lors de son passage place Beauvau.
Sources: Associated Press et Agence France Presse