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Il y a 40 ans, sur les Champs-Elysées, un raz-de-marée gaulliste

Il y a 40 ans, le jeudi 30 mai 1968, une véritable marée humaine a investi la place de la Concorde à partir de 18 heures.

Près d’un million de personnes selon les organisateurs, deux cent mille selon la police, ont défilé de la place de la Concorde à celle de l’Etoile pour manifester leur soutien à l’action du général de Gaulle.

Flashback sur cette journée historique, celle du sursaut…

L’allocution radiodiffusée du Général de Gaulle

« Françaises, Français, étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine j’ai envisagé depuis vingt-quatre heures toutes les éventualités sans exception qui me permettraient de la maintenir. J’ai pris mes résolutions.

Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai, je ne changerai pas le premier ministre dont la valeur, la solidité, la capacité méritent l’hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du gouvernement.

Je dissous aujourd’hui l’assemblée nationale. J’ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre université et en même temps de dire s’ils me gardaient leur confiance ou non par la seule voie acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu’il y soit procédé. C’est pourquoi j’en diffère la date.

Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu’on entende bâillonner le peuple français tout entier en l’empêchant de s’exprimer en même temps qu’on l’empêche de vivre par les mêmes moyens qu’on empêche les étudiants d’étudier, les enseignants d’enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont l’intimidation, l’intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence, et par un parti qui est une entreprise totalitaire même s’il a déjà des rivaux à cet égard.

Si donc cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la République, prendre, conformément à la Constitution, d’autres voies que le scrutin immédiat du pays.

En tout cas, partout et tout de suite, il faut que s’organise l’action civique. Cela doit se faire pour aider le gouvernement d’abord, puis localement les préfets devenus ou redevenus Commissaires de la République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l’existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tout lieu.

La France en effet est menacée de dictature. On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir qui s’imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait alors évidemment essentiellement celui du vainqueur, c’est-à-dire celui du communisme totalitaire. Naturellement, on le colorerait pour commencer d’une apparence trompeuse en utilisant l’ambition et la haine de politiciens au rancart. Après quoi ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids, qui ne serait pas lourd.

Eh bien non, la République n’abdiquera pas, le peuple se ressaisira, le progrès, l’indépendance et la paix l’emporteront avec la liberté. Vive la République. Vive la France! « 

Dernière séance de la mandature au Palais Bourbon

Le Président de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas a lu jeudi 30 mai à 17 heures 30 la lettre que le général de Gaulle lui a adressée pour annoncer sa décision de dissoudre le Parlement, en vertu de l’article 12 de la Constitution. Jacques Chaban-Delmas a alors déclaré la séance levée. La séance n’aura duré que quelques minutes.

Les députés gaullistes, ceints pour la plupart de leur écharpe tricolore en vue de participer à la manifestation place de la Concorde prévue à 18 heures, ont vivement applaudi la fin de la mandature.

De son côté, l’opposition est restée à sa place tandis que les parlementaires de la majorité s’étaient déjà levés. Puis les communistes et les fédérés ont soudainement quitté leur siège en criant « Vive la République ».

La troisième mandature parlementaire de la Vème République aura duré moins de quinze mois.

Manifestation des gaullistes sur les Champs-Elysées

Le cortège devait être silencieux mais des slogans ont rapidement été scandés dont les plus populaires étaient « De Gaulle n’est pas seul », « Le drapeau, c’est bleu-blanc-rouge » ou encore « Unité française ».

La manifestation s’est dispersée vers 21 heures sans incident majeur.

D’une ampleur à la fois inédite et inattendue, c’est le défilé le plus imposant depuis le début des événements.

Des manifestations de soutien au chef de l’Etat ont également eu lieu en province.

Le Premier Ministre Georges Pompidou prépare son nouveau gouvernement

Le Premier ministre Georges Pompidou a procédé aux premières consultations dans la soirée de jeudi 30 mai en vue de remanier le gouvernement. En effet, dans son allocution télévisée à 16 heures 30, le général de Gaulle a annoncé que l’équipe ministérielle devait être changée.

À partir de 19 heures 30, Georges Pompidou a reçu successivement le président de l’Assemblée nationale Jacques Chaban-Delmas, le ministre de l’industrie Olivier Guichard, Roger Frey chargé des relations avec le Parlement, Bernard Tricot, secrétaire général de l’Elysée et Jacques Chirac, secrétaire d’Etat aux Affaires sociales. Puis, à 22 heures 15, il a rencontré Michel Debré, ministre de l’Economie et des Finances et Christian Fouchet en charge de l’Intérieur.

Georges Pompidou doit présenter sa nouvelle équipe gouvernementale au chef de l’Etat dans l’après-midi de vendredi.

Source: Nouvel Observateur

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