Faire baisser les prix par davantage de concurrence entre les acteurs de la distribution. Tel est l’objectif principal de la loi de modernisation de l’économie, présentée ce lundi 28 avril par la ministre de l’Economie Christine Lagarde en Conseil des ministres.
La réforme est censée assouplir l’implantation des grandes surfaces et la négociation entre enseignes et fournisseurs. Bercy estime qu’elle pourra favoriser la création de 140 000 emplois, dont 50 000 dans le commerce de détail, après sa mise en oeuvre.
Le député UMP Hervé Mariton, même s’il loue l’esprit de la loi, regrette que l’on ne se soit pas attaqué en priorité à la hausse des revenus. Il revient aussi sur la nécessité d’amender le texte.
Avec la loi de modernisation économique, Christine Lagarde espère une baisse des prix via une intensification de la concurrence dans la distribution. Pensez-vous que cela soit la meilleure piste pour relancer le pouvoir d’achat?
La loi a le mérite de s’attaquer à de bons problèmes, même si elle ne contient pas de disposition miracle. Le renforcement de la concurrence aura des effets sains, la fixation des prix gagnera en transparence. Mais bien que les mesures soient lucides, la baisse des prix ne doit pas être une fin en soi. Il est dommage que l’on s’attache pas, en France, à vouloir plutôt davantage augmenter des revenus trop faibles, à l’image de ce qui se fait dans les autres pays européens. Il est pourtant urgent d’aborder cette dernière question dans notre pays.
La loi aura-t-elle les effets sur les prix et sur l’emploi escomptés par Bercy?
Je n’ai pas de données chiffrées pour en juger. Mais, je le répète, le projet ne contient pas de mesures révolutionnaires. Peut-être surestime-t-on trop son impact éventuel sur l’économie. Ces mesures auront plutôt des effets positifs à moyen et à long terme. Mais à court terme, j’en doute.
Estimez-vous que les parlementaires aient été bien associés à l’élaboration du texte?
Les travaux ont débuté il y a deux mois, et se sont accélérés après les municipales. La collaboration a été très étroite. Le gouvernement a organisé une série de rencontres avec les députés et les sénateurs. Rien à redire.
Le président de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Patrick Ollier, estime qu’il faudra amender le texte. Sur quels points le projet de loi devrait-il être principalement modifié?
S’il fallait s’attaquer principalement à un point, il faudrait prioritairement le faire sur la négociabilité des tarifs entre la distribution et les producteurs. En l’état, le texte du projet de loi pourrait rendre la pression excessive pour certains fournisseurs des grands magasins. Il faut éviter qu’ils n’acceptent des conditions abusives fixées par la distribution. Du coup, il serait souhaitable que les enseignes fournissent des contreparties aux producteurs. Comme par exemple, une meilleure promotion de leur produits dans les rayons du magasin. Après, il faut s’assurer qu’il n’y a pas de dérives. Par exemple, il ne faut pas que cela aboutisse à un retour des marges arrières, (NDLR : les sommes payées par les fournisseurs en échange d’une meilleure exposition en magasin) auxquelles s’était attaqué la loi Chatel de janvier 2008.
Source: Xavier Demarle (L’Express)