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Regain de tensions cette semaine à l'UMP après les propos de Nathalie Kosciusko-Morizet

Une solidarité gouvernementale en miettes, une majorité parlementaire « traumatisée », selon le terme de Jean-François Copé, et des députés UMP qui ne supportent plus de voir « des ministres travailler directement avec l’Élysée sans passer par eux »: bien au-delà du débat sur les OGM, l’affaire « NKM » révèle une véritable cassure entre l’exécutif et les troupes de la majorité.

En quarante-huit heures, le climat s’est singulièrement dégradé. Au point que le président du groupe des députés UMP, Jean-François Copé, a reconnu « une ambiance d’assez grande tension avec le gouvernement ». Le premier ministre, lui, a quitté Paris jeudi pour un voyage officiel de trois jours au Japon sans sa secrétaire d’État à l’Écologie, mais toujours aussi « ulcéré ».

Du coup, les langues se délient. « Le malaise va bien plus loin que Kosciusko-Morizet. Nous avons été mis devant le fait accompli du “Grenelle de l’environnement” et du rapport Attali. C’est une pratique du gouvernement que les députés ne supportent plus », tonne le député de Paris Claude Goasguen.

« NKM est allée trop loin, peut-être sur ordre. Cela risque de coincer de plus en plus souvent. Le danger, c’est qu’on aille d’incident en incident jusqu’à l’explosion », s’inquiète le villepiniste Hervé Mariton.

Quant à l’ancien ministre François Goulard, il réclame d’urgence un « recadrage des grands axes de la politique gouvernementale qui ne sont pas clairement définis ». À l’UMP, après le choc des municipales vient le temps de la colère.

Jean-François Copé, qui réclame depuis des mois une « coproduction législative » pour mieux associer les députés UMP à l’élaboration des projets de loi, ne cache pas son pessimisme. « Il y aura d’autres sujets de fixation », prévient-il.

Et il cite la question des grandes surfaces, l’ouverture des magasins le dimanche, le coût du revenu de solidarité active, le projet de loi sur le « Grenelle »… Sans compter la carte hospitalière. En défendant les députés UMP quitte à surjouer l’outrage, Copé s’est remis au cœur du jeu.

Ministre de l’Écologie donc patron de Kosciusko-Morizet, Jean-Louis Borloo a choisi de jouer au grand seigneur, jeudi sur RTL. « Rien ne s’est passé, rien ne s’est dit. L’incident est clos. Nathalie a craqué à un moment donné mais c’est tout », a-t-il relativisé. Comme pour montrer qu’elle a encore des choses à apprendre. Et c’est à lui que revient la difficile mission de remettre sur les rails le texte OGM au Sénat, en obtenant le retrait du fameux amendement PC anti-OGM.

Même certains sarkozystes ne comprennent plus la clémence du chef de l’État face à cette succession de couacs gouvernementaux. C’est Fadela Amara qui annonce un jour qu’elle ne votera pas Sarkozy en 2012. C’est Rama Yade vent debout contre l’accueil de Kadhafi à Paris. C’est Martin Hirsch qui fait monter la pression pour sauver le RSA. Enfin, c’est NKM qui, selon un ministre, s’est affranchie de la solidarité gouvernementale pour devenir une « icône de l’écologie ».

Un ministre aguerri soupire : « Pour exister, il faut avoir des phrases très violentes. C’est comme ça qu’on devient intouchable et qu’on grimpe en flèche dans les sondages ». Un autre met en cause le « casting des jolies gueules du gouvernement ». « Virer Rama ou Nathalie, c’est impossible. Pour progresser, il faut cracher sur le système », déplore un troisième.

La gouvernance Sarkozy a-t-elle atteint ses limites ? Ce qui, il y a six mois, passait pour de la nouveauté, de la modernité et de l’audace bienvenue, apparaît aujourd’hui comme un piège. Le piège des ego gouvernementaux pour s’attirer les bonnes grâces des médias. Un sarkozyste en vient à souhaiter: « Le jour où le président fera un exemple, ça changera tout ».

Source: Sophie Huet et Bruno Jeudy (Le Figaro)

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