Jamais élu, méprisant les élus du peuple : voilà le portrait que les adversaires de Dominique de Villepin dessinent souvent. Un portrait que le principal intéressé pourrait s’employer à démentir dans les prochaines années.
C’est du moins ce qu’il assure dans un entretien au quotidien suisse La Tribune de Genève, publié mercredi. « Je suis au départ un serviteur de l’Etat (…) Que dans d’autres circonstances de la vie, l’élection s’impose à moi, bien sûr: je n’ai jamais rejeté l’élection », explique l’ancien premier ministre qui avait jusqu’à présent refusé toutes les propositions qui lui avaient été faites de se présenter aux législatives, notamment l’année dernière.
Dans cette interview, l’ancien locataire de Matignon ne se prive pas d’égratigner Nicolas Sarkozy, sans le nommer. Interrogé par le quotidien suisse sur le fait de savoir s’il connaissait un homme d’Etat pouvant être comparé à Napoléon, qu’il admire, il répond: « le drame d’aujourd’hui, c’est peut-être l’absence de leadership national et international ». Avant d’ajouter : « Les hommes devraient moins avoir le regard porté sur les baromètres de la communication. C’est en s’allégeant de ses propres intérêts personnels que l’on peut le mieux servir son pays et le monde ».
D’ailleurs, Dominique de Villepin revient sur « L’appel à la vigilance républicaine », qu’il a cosigné en février dernier en compagnie d’une dizaine de responsables politiques de gauche comme de droite parmi lesquelles Ségolène Royal, François Bayrou ou Bertrand Delanoë. Il n’éprouve visiblement aucun regret d’avoir apposé sa signature à ce texte même s’il reconnaît que la démarche a pu être « brutale ou maladroite ». « Que des actions, des positions aient pu être corrigées, c’est tout l’intérêt d’une démocratie », estime Villepin, jugeant que « le message a été entendu ».
Alors que Nicolas Sarkozy vient de décider de l’envoi d’une mission humanitaire en Colombie afin de retrouver et soigner Ingrid Betancourt, Dominique de Villepin revient sur l’opération de sauvetage, avortée, qu’il avait initiée en juillet 2003 pour la libérer. « C’est la famille, informée par le président Uribe, qui nous l’avait demandé, ce qui n’a pas été assez rappelé dans la polémique qui s’est ensuite nouée », raconte-t-il au quotidien suisse. « Nous avons, dans les conditions les plus discrètes envoyé un avion, non sans hésiter sur le lieu d’atterrissage » (le Brésil, ndlr). « Puis l’affaire a été révélée, ce qui a provoqué une polémique regrettable. Il n’y avait dans notre démarche qu’une préoccupation humanitaire ».
En conclusion de l’entretien, l’ancien premier ministre rappelle qu’il a participé au mouvement de Mai 68, confiant avoir été «le seul gréviste» du lycée français de Caracas, au Venezuela, où il était alors scolarisé. « J’apercevais un tournant dans les relations entre le pouvoir et la société, l’affirmation d’une jeunesse, d’un autre regard porté sur le monde, d’un idéal à défendre », déclare-t-il.
Source: Jérôme Bouin (Le Figaro)