Admirateurs de Napoléon, bibliophiles ou simples curieux se sont entassés mercredi à Drouot à Paris où l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin vendait aux enchères sa collection de livres sur l’Empire, qui a totalisé 1,12 million d’euros (avec les frais), soit plus de deux fois son estimation initiale.
Quelque 335 lots, livres et lettres rassemblés depuis 30 ans, étaient mis en vente (maison Pierre Bergé et associés) par l’ancien Premier ministre (absent de France), qui a décidé de « tourner la page » Napoléon sur qui il a écrit une saga, pour se consacrer aux XVe et XVIe siècles, avait-il dit à l’AFP.
La salle, trop petite avec à peine quelque 80 chaises, ne permettait pas d’accueillir tout le public de curieux et de bibliophiles, amateurs ou marchands, dont des dizaines ont dû s’agglutiner à la porte.
De nombreux livres, et particulièrement les plus beaux ou les plus rares, ont vu leur prix largement dépasser leurs estimations lors de batailles d’enchères entre les téléphones et la salle où se côtoyaient marchands, bibliophiles fortunés et représentants d’institutions.
Ces prix (hors frais) ont été dominés par un exemplaire du Mémorial de Saint-Hélène de Las Cases, enrichi de lettres manuscrites de Napoléon ou de Wellington, qui a atteint 32.000 euros.
Un décret manuscrit de Napoléon, sur « l’élévation aux titres de comte et de baron de l’Empire », s’est vendu 28.000 euros (plus de quatre fois l’estimation basse) et a été préempté par la direction des Archives de France. M. de Villepin a fait savoir après la vente qu’il lui en faisait don, a indiqué la maison Bergé.
Un exemplaire d’ »Adolphe » de Benjamin Constant est parti à 23.500 euros et deux almanachs royaux, l’un aux armes de Marie-Antoinette, l’autre de sa suivante la princesse de Lamballe, ont atteint 20.000 euros chacun, soit deux fois leur estimation basse.
Un almanach dédié à l’impératrice Joséphine, aux armes de Louis Bonaparte, s’est vendu 18.500 euros (trois fois l’estimation haute) et trois fois le prix acheté en décembre 2006, selon un marchand.
Neuf pièces ont été préemptées par des institutions, dont la Bibliothèque nationale de France pour le livre d’un préfet aux armes du dernier Condé. Le musée Napoléon de Fontainebleau a jeté son dévolu notamment sur un almanach aux armes d’Eugène de Beauharnais et un pamphlet anglais contre Napoléon, sous les applaudissements de la salle et au cri amusé de « Vive l’Empereur! ».
Le libraire Gabriel Rossignol, spécialisé dans le livre ancien à Paris, était « intéressé par quelques volumes aux armes impériales » mais n’a pu enchérir en raison des prix trop élevés, a-t-il dit à l’AFP. Quelques instants avant la vente, il craignait d’ailleurs « un phénomène sur le nom Villepin » qui ferait grimper les enchères.
Marcello Pacini, un retraité de Turin (Italie) passionné de l’île d’Elbe où il est né, a pour sa part tenu la salle en haleine en disputant âprement une lettre manuscrite signée Napoléon relative à l’île, remportée à 14.000 euros, soit quatorze fois son estimation basse. M. Pacini, collectionneur privé, avait auparavant indiqué à l’AFP qu’il projetait de donner sa collection au musée civique de la capitale de l’île.
Une femme peintre était au contraire venue « uniquement pour soutenir Villepin. J’ai toujours apprécié sa politique », a-t-elle dit à l’AFP.
Source: Agence France Presse