Print Shortlink

Remaniement gouvernemental: après l'ouverture, la fermeture !

L’ouverture est passée de mode. La nomination de six nouveaux secrétaires d’Etat, mardi 18 mars, juste avant les « 20 heures », tient surtout compte de la fidélité et des services rendus.

Yves Jégo, Nadine Morano et Alain Joyandet, respectivement secrétaires d’Etat à l’outre-mer, à la famille et à la francophonie, sont des « compagnons de route » du chef de l’Etat. Leur nomination ne tient pas forcément compte de leurs mérites électoraux. MM. Jégo et Joyandet ont été réélus dès le premier tour à Montereau (Seine-et-Marne) et Vesoul (Haute-Saône), mais Mme Morano a échoué à Toul (Meurthe-et-Moselle).

En charge du portefeuille de la famille, Mme Morano s’est distinguée au sein de l’UMP par ses prises de position ouvertes sur l’euthanasie et sur l’adoption par les couples homosexuels. Son arrivée au gouvernement est le signal le signal de la volonté du chef de l’Etat et gouvernement d’investir davantage le terrain des sujets de société.

Réélu dès le premier tour à Toulon, ville arrachée en 2001 au Front national, Hubert Falco, nommé à l’aménagement du territoire, peut être classé dans la catégorie peu représentée des « chiraco-sarkozystes ». Choyé par le couple Chirac, qui l’a félicité au soir du 9 mars, l’ancien secrétaire d’Etat aux personnes âgées du gouvernement Raffarin (2002-2005), qui avait été l’un des rares ministres à faire front durant la canicule de l’été 2003, a rejoint M. Sarkozy au cours de la campagne du référendum sur le traité européen, en 2005. Au gouvernement, il devient le seul représentant du sud de la France, où l’UMP a bien résisté à la vague rose.

Les nominations de Christian Blanc et d’Anne-Marie Idrac peuvent apparaître comme un timide geste en direction du centre. Le premier est nommé secrétaire d’Etat au développement de la région capitale, la seconde est en charge du commerce extérieur et… de son déficit chronique. Député (Nouveau Centre) des Yvelines, ancien proche de Michel Rocard, battu le 16 mars au Chesnay, M. Blanc a rejoint M. Sarkozy au cours de la campagne présidentielle. Ancienne dirgeante de l’UDF, ex-secrétaire d’Etat aux transports du gouvernement Juppé (1995-1997), Mme Idrac a laissé sans trop d’aigreur apparente son poste de présidente de la SNCF à Guillaume Pepy, que l’Elysée lui préférait.

Ces six entrées s’accompagnent d’autres réajustements et de nouveaux équilibres politiques. Deux des vainqueurs surprises du premier tour, Luc Chatel à Chaumont (Haute-Marne) et Laurent Wauquiez au Puy-en-Velay (Haute-Loire), étoffent leurs portefeuilles. Le premier ajoute à ses responsabilités de secrétaire d’Etat à la consommation le porte-parolat qu’il prend au second, lequel récupère l’emploi.

Eric Besson ajoute l’économie numérique à ses attributions et Bernard Laporte, secrétaire d’Etat aux sports, récupère la jeunesse et les associations.

Alain Marleix quitte les anciens combattants et rejoint le ministère de l’intérieur, pour y être en charge des collectivités locales et du futur redécoupage électoral. Ses anciennes responsabilités échoient à Jean-Marie Bockel, réélu maire de Mulhouse (Haut-Rhin). Ce symbole de l’ouverture à gauche parait l’un des plus mal lotis de ce jeu de chaises musicales.

Autre perdant : la parité. Sur 38 membres, dont le premier ministre, le gouvernement ne compte que 13 femmes.

Source: Philippe Ridet (Le Monde)

Ecrire un Commentaire