L’exécutif et la majorité ont procédé à leurs premiers « ajustements » postélectoraux au lendemain de la défaite des municipales et des cantonales, qui réveille les discordances à droite.
A l’Elysée
Nicolas Sarkozy, qui avait assuré vouloir « tirer les leçons » de ce premier coup de semonce dix mois après son élection, a commencé lundi par renforcer le pôle politique de son cabinet afin d’affermir le lien entre l’Élysée et les élus pour « expliquer » et « convaincre » de la pertinence des réformes.
Le poste de porte-parole qu’assumait David Martinon, victime de l’imbroglio municipal de Neuilly-sur-Seine, est supprimé.
Au gouvernement
Un remaniement gouvernemental limité, avec la création probable de quatre secrétariats d’État et le remplacement à l’Outre-Mer de Christian Estrosi, élu à Nice, est prévu mardi ou mercredi. L’architecture du gouvernement resterait inchangée.
De son côté, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a annoncé ce matin sur RTL que le gouvernement augmenterait le smic et les petites retraites en fonction des chiffres de l’inflation, qui seront connus à la fin du mois de mars.
A l’UMP
À l’UMP, l’heure est aussi à l’aggiornamento, mais dans un climat moins feutré.
Critiqué pour sa gestion de la campagne municipale, le secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian, qui assure toujours bénéficier de la confiance du chef de l’État, a annoncé une réorganisation du parti aux niveau national et local.
Patrick Devedjian a mis en avant le taux d’abstention record du second tour des municipales (37,86%), qui a fait perdre 37 villes de plus de 30.000 habitants à la droite.
« C’est un avertissement de nos électeurs qui ne se sont pas déplacés », a estimé le responsable de l’UMP, où l’on préfère parler de vote de défiance que de vote sanction.
L’équipe dirigeante va être « recomposée » et « renforcée » et les responsables locaux seront renouvelés dans les départements où la droite a essuyé des échecs significatifs.
L’UMP va aussi se lancer dans la chasse aux nouveaux talents pour couper court à la stratégie du parachutage, qui a prouvé ses limites durant le scrutin.
Le parti entend également se placer « à l’avant-garde du gouvernement » pour nourrir le débat sur le pouvoir d’achat, le logement, le transport, les retraites – préoccupations majeures de l’électorat.
« Il faut aller plus vite et plus fort » dans les réformes, a estimé Patrick Devedjian. Le vice-président de l’UMP Jean-Claude Gaudin, qui a sauvé de justesse son mandat à Marseille, juge aussi qu’ »il faut accélérer ». « On perd trop de temps ».
Au Sénat
Le numéro deux du parti, le sénateur Jean-Pierre Raffarin, ne partage pas l’analyse. Pour l’ancien Premier ministre, le gouvernement doit « corriger le tir ».
Une dissonance qui en appelle d’autres au sein de la majorité présidentielle, tentée de mettre le chef de l’État sous tutelle après dix mois d’hyperprésidence.
A l’Assemblée Nationale
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a réclamé plus de lisibilité en 2008 dans la mise en oeuvre des réformes, dont le Premier ministre François Fillon a assuré qu’elle se poursuivrait à un rythme soutenu.
« Sur cette feuille de route, il faut qu’on voit bien lisiblement ce que nous avons à faire pour cette année 2008″, a-t-il dit sur Europe 1.
Le député-maire de Meaux souhaite en outre que les parlementaires de la majorité soient davantage associés « à la fabrication des réformes ». En clair, plus de commission Attali, que Jean-Pierre Raffarin a de nouveau vivement critiquée lundi.
Dans les villes perdues par la droite
Pour l’ancien ministre Renaud Dutreil, dont la candidature dissidente à Reims a favorisé la victoire de la gauche, les électeurs ne peuvent se reconnaître dans l’action du gouvernement.
« Par rapport à ce que notre pays exige en termes de modernisation, très peu de choses ont été faites. Des réformettes, des quarts de réforme, des bouts de réforme, mais pas ce que la France aujourd’hui exige dans la compétition mondiale dans laquelle nous sommes », a dit encore l’ancien ministre du Commerce et l’Artisanat du gouvernement de Dominique de Villepin.
« Donc, ces électeurs-là il ne se reconnaissent pas, après avoir vu cette espérance de réformes très forte soulevée par le président de la République, dans ce qui s’est passé. Et donc, ils n’ont pas envie d’aller voter ».
Renaud Dutreil considère que la gauche n’est pas réellement responsable de la sévère défaite enregistrée par la droite aux élections municipales. « La gauche, en réalité, ne gagne pas sur le terrain des idées hier. Elle gagne sur le terrain du rejet de la majorité actuelle », juge-t-il. « Mais qu’est-ce qui est neuf dans le discours de la gauche depuis six mois? Zéro. Il n’y a pas de projets nouveaux, il n’y a pas d’idées nouvelles », assure-t-il.
Source: Sophie Louet (Reuters) et France Soir