Longtemps raillé comme inexistant, François Fillon a pleinement profité de la campagne des municipales pour investir son rôle de chef de la majorité en multipliant les déplacements et en attaquant frontalement la gauche, quitte à faire de l’ombre à Nicolas Sarkozy.
Le Premier ministre a achevé vendredi en Seine-et-Marne son tour de France des villes où l’UMP se trouve dans une situation délicate à l’approche du second tour.
Si sa présence à Caen, Blois ou bien encore Strasbourg avant le 9 mars n’a pas vraiment permis aux candidats de son camp de marquer des points, reste que le Premier ministre a tenu « à mouiller sa chemise ».
Porte-drapeau du programme présidentiel, il l’a défendu bec et ongles, justifiant les réformes déjà mises en oeuvre et répétant à l’envi qu’il ne céderait pas un iota sur celles promises durant la campagne de 2007.
Et il n’a eu de cesse de fustiger une opposition dont le seul programme serait d’ »augmenter les impôts », encouragé par les parlementaires de droite ravis de cette implication de celui qui jouit d’une popularité ascendante.
Usant d’un ton offensif qu’on lui connaissait peu, il a dénoncé le « climat de quasi guerre civile » entretenu selon lui par la gauche. Vendredi, il l’a taxée de « sectarisme ».
M. Fillon a ainsi occupé complètement l’espace laissé libre par le chef de l’Etat.
Après avoir affirmé début janvier que des « élections dépolitisées » étaient dénuées de sens et qu’il s’investirait personnellement dans cette campagne, le président a fait machine arrière au fur et à mesure de sa dégringolade dans les sondages.
Il est brièvement sorti de cette réserve cette semaine pour appeler à la mobilisation des abstentionnistes et assurer qu’il tiendrait « naturellement compte » de ce premier test électoral et en tirerait les « leçons », alimentant les spéculations sur un remaniement ministériel.
Tout en prenant soin de ne jamais apparaître clairement en contradicteur de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre a tout de même saisi l’occasion pour s’en démarquer. Il a ainsi minimisé l’impact que pourrait avoir le résultat de cette élection intermédiaire, faisant valoir qu’il s’agissait d’une « occasion d’expression parmi d’autres ».
Au risque de se mettre en porte-à-faux avec Nicolas Sarkozy, il a réaffirmé son opposition à une modification de son équipe de ministres, plaidant au contraire pour une « stabilité gouvernementale ».
Il pourrait d’ailleurs avoir gain de cause, l’Elysée envisageant d’ajouter des postes de secrétaires d’Etat en charge du « Grand Paris » ou de l’économie numérique sans toucher à l’architecture actuelle du gouvernement.
« Ça n’a pas de sens! » s’était agacé le Premier ministre à propos du titre de l’hebdomadaire Marianne « Demain, le putsch de Fillon… ». Mais la semaine dernière sur France 2, François Fillon a aussi laissé entendre son souhait d’une nouvelle « organisation » entre Matignon et l’Elysée. Sans aucun doute à son avantage.
Source: Benjamin Sportouch (Agence France Presse)