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Confier à chaque élève de CM2 la mémoire d'un enfant français victime de la Shoah: une proposition présidentielle qui divise

Mercredi dernier lors du dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions juives de France, le président Sarkozy a proposé que chaque élève de CM2 se voie « confier la mémoire » d’un enfant français victime de la Shoah. Cette proposition a suscité depuis lors un vif débat.

A droite

Dominique de Villepin, ancien Premier ministre : »Je trouve que c’est une idée étrange. Je ne crois pas que l’on puisse imposer la mémoire, que l’on puisse la décréter ou légiférer dans ce domaine ».
« Je crois, par ailleurs, que la charge de la mémoire d’un enfant mort, c’est quelque chose de très lourd à porter ». (Radio classique, jeudi 14 février)

Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP : « C’est un débat noble, il mérite d’avoir lieu sans qu’on se jette des invectives. Ayons ce débat dans le respect et la compréhension mutuelle, je crois que c’est ce que nous pourrions faire de plus intelligent ».
« Je n’avais pas huit ans quand ma grand-mère me racontait la déportation des Arméniens, je pense que ça a structuré ma vie, j’ai su que le monde n’était pas facile, j’ai su aussi que le monde pouvait être méchant ».
« Je comprends » les critiques émises par Simone Veil contre l’annonce de Nicolas Sarkozy. « Ceux qui ont été déportés, qui ont tant souffert, ont beaucoup de mal à porter cela et encore plus à le transmettre. C’est donc à nous que revient le devoir de le faire ». (Canal +, dimanche 17 février)

Simone Veil, présidente d’honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et ancienne déportée : la proposition de Nicolas Sarkozy est « inimaginable, insoutenable et injuste ».
« On ne peut pas infliger ça à des petits de dix ans ». « On ne peut pas demander à un enfant de s’identifier à un enfant mort. Cette mémoire est beaucoup trop lourde à porter ».
« Nous mêmes, anciens déportés, avons eu beaucoup de difficultés après la guerre à parler de ce que nous avions vécu, même avec nos proches. Et aujourd’hui encore, nous essayons d’épargner nos enfants et nos petits-enfants. Par ailleurs beaucoup d’enseignants parlent – très bien – de ces sujets ».
La suggestion de Nicolas Sarkozy risque aussi d’attiser les antagonismes religieux : « Comment réagira une famille très catholique ou musulmane quand on demandera à leur fils ou à leur fille d’incarner le souvenir d’un petit juif? » (L’Express.fr, vendredi 15 février)

Nicolas Dupont-Aignan, député souverainiste de l’Essonne, président de Debout la République : « Nicolas Sarkozy a, une fois de plus, voulu faire un coup médiatique à partir d’une question grave et sérieuse. Cette instrumentalisation du devoir de mémoire et d’histoire n’est pas admissible. Le président de la République n’est pas dans son rôle en rendant polémique ce qui devrait faire concorde, en misant sur la division des Français là où le consensus devrait l’emporter. Il est inacceptable de faire peser sur des enfants de 10 ans, à qui on demanderait ainsi de se livrer à une sorte d’exercice douteux et inutile de projection morbide, les conséquences de ce nouveau gadget politico-médiatique ».
Le gouvernement devrait « renoncer sans tarder à cette fausse bonne idée ». (Communiqué, vendredi 15 février)

Xavier Darcos, ministre de l’Education : « Il faut faire confiance aux enseignants, il ne faut pas s’enfermer dans un moment de ferveur et de tristesse ». Prévenant immédiatement que « les choses ne se feront pas dans l’ostentation », il a reconnu que « l’idée est un peu normative sans doute » et a promis: « nous n’allons pas mettre un policier dans chaque classe de CM2″. (Conférence de presse, jeudi 14 février)

Dominique Paillé, secrétaire général adjoint de l’UMP et conseiller politique du président de la République : « Ce combat doit être mené dans l’intérêt de tous nos enfants, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances ». « Alors que les témoins directs de la Shoah disparaissent progressivement et que le racisme et l’antisémitisme restent une menace pesante, nous devons combattre l’oubli ».
« Cessons de croire nos enfants toujours trop fragiles, alors qu’ils sont chaque jour exposés à une violence ordinaire virtuelle peut-être plus vicieuse que le salutaire rappel de la vérité historique ».
« Il faut à un certain âge, éduquer les enfants dans le rejet absolu du racisme pour le combattre le plus tôt possible et à sa source » (Communiqué, jeudi 14 février)

Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale : « Cette démarche, qui invite les enfants de France à se sentir associés à l’indispensable devoir de mémoire, honore l’idée que nous nous faisons de notre République ».
« L’antisémitisme et le racisme sous toutes leurs formes sont des fléaux que nous devons combattre avec virulence et, comme l’a dit Nicolas Sarkozy, cela se combat dès l’enfance ».
« C’est aussi dès l’enfance qu’il faut permettre la découverte de l’autre, de ses différences et cela passe par une meilleure connaissance de notre Histoire et même de nos religions » (Déclaration, jeudi 14 février)

Au centre

François Bayrou, président du MoDem et ancien ministre de l’Education nationale : « C’est une annonce qui suscite beaucoup de trouble et d’inquiétude dans les familles et chez les éducateurs ».
« Charger un enfant de 9 à 10 ans de la mémoire personnelle, du nom et de l’histoire d’une petite victime de cette épouvantable tragédie, cela risque d’avoir des conséquences psychologiques et morales très lourdes ». « On a l’impression que ces conséquences n’ont pas été envisagées, comme elles auraient dû l’être ».
« Il y a une question de démocratie qui se pose. Appartient-il au président de la République de sa propre volonté d’introduire ainsi, non pas seulement dans les programmes, mais dans la sensibilité des enfants, des évocations de cet ordre? » « Jamais cela ne s’est produit dans la République française et à ma connaissance dans aucun autre pays ».
« Après la lettre de Guy Môquet, c’est un autre mélange des genres, entre émotion et Histoire, qui pose de lourdes questions et qui doit faire naître débat sur la manière dont l’école risque d’être utilisée, même pour des fins louables ».
« Si l’on entre dans cette voie, on aura d’autres demandes autour de l’esclavage par exemple, autour de la colonisation et l’Histoire est hélas pleine de victimes et de tragédies ». Il « est juste que les enfants en soient informés et éduqués, mais sans doute éminemment plus discutable qu’ils soient émotionnellement plongés dans ces drames ». (Déclaration à l’AFP, vendredi 15 février)

A gauche

Bertrand Delanoë, maire PS de Paris : « Je ne juge pas des intentions de Nicolas Sarkozy. (…) Mais ce sont des sujets très graves que l’on doit aborder avec tact et désintéressement ».
Bertrand Delanoë rappelle qu’il a lui-même fait apposer sur certaines écoles des plaques mentionnant la déportation d’enfants. « Mais à chaque fois que nous faisons cela, nous parlons avec les enfants, nous faisons en sorte qu’ils prennent le temps de comprendre et d’apprendre. Car, ce qui nous importe, ce n’est pas notre gloire à nous, c’est que quand ils seront adultes, ils sachent que rejeter l’autre pour son identité est le pire crime contre l’humanité ». (Déclaration à la presse, vendredi 15 février)

Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes : « Une question aussi grave ne doit pas faire l’objet d’une annonce improvisée. Cette façon de faire traduit un manque de respect et une étonnante légèreté de la part du chef de l’Etat. Le devoir de mémoire des crimes contre l’humanité est un impératif moral qui ne tolère aucune instrumentalisation ». (Déclaration à l’AFP, vendredi 15 février)

Malek Boutih, secrétaire national du PS chargé des questions de société : « L’enjeu de la mémoire dans une période où dans le monde, comme en France, des forces réaniment les flammes de l’antisémitisme et du racisme est essentiel. L’initiative annoncée par le président de la République est à cet égard opportune et utile », et « elle doit maintenant se réaliser en concertation avec le monde enseignant. Il y a assez de sujets de désaccord et de polémique avec le président de la République pour ne pas, comme le font certains, dénoncer par pur positionnement une initiative qui peut être utile à la transmission de la mémoire aux générations futures ». (Communiqué, vendredi 15 février)

Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste : « Vraiment ce président est incroyable! Un jour, il est prédicateur, il nous fait des prêches sur Dieu, la religion et le reste. Maintenant le voilà transformé en instituteur ! C’est lui qui décide de ce qui est bon ou mauvais sur la manière de former les jeunes enfants. »
« Qui a demandé une chose pareille ? Personne, ni le Crif, ni aucune synagogue de ce pays n’a demandé qu’on aille faire cette démarche ».
« On n’en finira plus à ce moment-là ! Combien de fois va-t-on, pour des raisons pédagogiques, prendre nos enfants et vouloir à tout prix leur infliger une cure de mémoire sur ceci, sur cela? ». « On pourrait faire une liste de tous les esclaves qui ont été esclavagisés par des Français, on pourrait faire la même chose pour la Commune de Paris. Franchement, est-ce qu’on ne peut pas laisser la politique et la religion à l’écart de l’école? ».
« Les maîtres de l’école publique font leur travail » et « M. Sarkozy n’est pas un maître de l’école publique ». (Sur LCI, jeudi 14 février)

François Hollande, premier secrétaire du PS : « Avant de lancer une initiative là-dessus, il eût mieux valu prendre toutes les précautions. Je constate qu’il n’y a pas eu de préparation, je constate qu’il y a eu de l’improvisation, je constate qu’il y a aujourd’hui de la polémique là où il devrait y avoir rassemblement ». (Grand jury RTL-Le Figaro-LCI, dimanche 17 février)
Même si Nicolas Sarkozy est « croyant », il ne doit pas oublier qu’ »il est le président de la République, le chef de l’Etat, celui qui doit défendre une conception beaucoup plus large que la sienne ». « La laïcité, ce n’est pas la négation de la liberté de conscience, c’est au contraire la reconnaissance de cette liberté de conscience ». (France-Info, jeudi 14 février)

Les syndicats de l’éducation

Patrick Gonthier, secrétaire général de l’UNSA-Education : « C’est encore une fois la confusion persistante du président entre histoire et mémoire, la même qu’il y avait avec Guy Môquet ».
« L’histoire demande de la distance et de l’étude, et la mémoire est plus soumise à l’affectif et à l’émotionnel. Et il fait porter sur les enfants de dix ans une charge affective qui les dépasse beaucoup ». (Déclaration, jeudi 14 février)

Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp-FSU (majoritaire chez les enseignants du primaire) : « L’annonce du président de la République nous met mal à l’aise parce que faire que chaque élève de CM2 porte la mémoire d’un enfant de la Shoah peut entraîner des troubles psychologiques chez lui ».
« Il y a le risque que cet enfant ou bien s’identifie, ou bien qu’il rejette cette identification, ou encore qu’il ait un sentiment de culpabilité ou de responsabilité pour le destin d’un élève duquel il n’est aucunement responsable ». « La charge émotionnelle peut avoir des conséquences négatives, surtout pour un élève en plein développement ».
On « n’a pas à faire peser sur un élève de 11 ans la responsabilité de ce qui s’est passé à cette époque là ». « Cela peut avoir un effet contraire à l’objectif recherché: un élève peut par exemple ne prendre en considération que le côté macabre. Le président de la République ne fait pas preuve de grande prudence vis-à-vis de la psychologie des élèves de 10-11 ans ».
Il est regrettable qu’une « annonce faite sans aucune consultation des enseignants psychologues et les pédopsychiatres, alors que c’est un sujet sensible » (Déclaration à l’AFP, jeudi 14 février)

Le SE-Unsa, deuxième syndicat dans les écoles primaires : « Le SE-Unsa est particulièrement choqué de cette initiative du président de la République, qui ignore tout de la façon dont un jeune se construit. Faut-il que chaque enfant de 10 ans se voie désormais personnellement chargé d’un lourd parrainage posthume ? ».
« Si les effets éducatifs de cette démarche sont plus que sujets à caution, a-t-on réfléchi à l’impact psychologique possible sur les élèves? ». Enseigner l’histoire de la Shoah est « une affaire de professionnels ».
« Eduquer ne saurait être qu’affaire d’émotion », déplorant que le président « vienne se situer à nouveau sur ce terrain, après l’épisode de la lettre de Guy Môquet ». Le syndicat condamne en outre une « nouvelle intrusion du politique dans le pédagogique » (Communiqué, jeudi 14 février)

Les représentants des religieux

Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) : « Je suis très clairement favorable » à ce que la mémoire d’un enfant soit portée par une classe entière. « Il est extrêmement important, juste et très riche de sensibiliser des enfants de cet âge à la Shoah », qui est « un phénomène de signification universelle, il touche tout le monde, ce n’est pas un problème des juifs. Le penser, c’est ne pas comprendre, ne pas admettre, la signification véritablement fondamentale de la Shoah. Elle nous implique tous ».
« Quand on pense à ce à quoi sont soumis à la télévision ou sur internet les enfants de 10 ans aujourd’hui, je ne vois pas personnellement les épouvantables dangers que cela pourrait entraîner sur leur psychisme ». Le Crif n’a « pas été directement consultée » à propos de cette annonce de Nicolas Sarkozy.
« L’idée de sensibiliser des enfants de cet âge à la Shoah, c’est la meilleure façon de les faire agir de façon à lutter contre l’antisémitisme, le racisme, toutes ces réactions d’exclusion qui peuvent être si graves dans notre pays ».
Quant aux vives critiques exprimées par Simone Veil, « la sensibilité de chacun est différente ». « Les paroles qu’elle a dites, tout le monde en tiendra compte ». (France Inter, dimanche 17 février)

Les associations

La Peep, deuxième fédération de parents d’élèves : « Si les enfants n’ont pas à assumer individuellement la responsabilité de la mémoire d’un enfant mort », ils devaient néanmoins apprendre « au cours de leur scolarité, que la Shoah a existé comme ils devaient aussi prendre connaissance des massacres des régimes tyranniques passés et, hélas, présents » (Communiqué du vendredi 15 janvier)

SOS Racisme : « Au-delà du débat, par ailleurs légitime, sur la place de l’Histoire et de la mémoire, la charge émotionnelle que l’on demanderait à des enfants de 10 ans de porter nous paraît potentiellement extrêmement dangereuse. Il nous semble utile que le Chef de l’Etat retire cette proposition et, à la place, mette en place de véritables réflexions sur les failles apparues dans le milieu scolaire en matière d’éducation au vivre ensemble. » (Communiqué, vendredi 15 février)

La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) « doute de la pertinence » du projet de Nicolas Sarkozy d’associer chaque élève de CM2 à un enfant juif mort en déportation. « L’enseignement de l’histoire de la Shoah ne saurait passer prioritairement par le recours à l’émotion. Profiter de l’immaturité psychologique de jeunes élèves de CM2 ne nous paraît pas judicieux si c’est l’histoire qu’on veut leur transmettre. Est-il sage, à l’âge où l’enfant construit sa personnalité, de lui demander de s’identifier à un enfant mort? ». (Communiqué, vendredi 15 février)

Raphaël Haddad, président de l’Union des étudiants juifs de France : l’UEJF « accueille de manière réservée » la proposition de Nicolas Sarkozy. elle se dit « sensible à l’intérêt que le Président porte à la transmission de la mémoire de la Shoah » mais « craint que cette initiative ne soit contre-productive ». « Ce n’est pas en s’identifiant à la victime qu’on fera reculer le racisme et l’antisémitisme d’aujourd’hui et de demain ». (Communiqué, vendredi 15 février)

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) « s’interroge fortement sur l’opportunité et la forme de la démarche annoncée » par Nicolas Sarkozy, et parle d’ »une insoutenable identité nationale ». Le Mrap « ressent un profond malaise face à ce qui constitue un inacceptable tri sélectif des mémoires ». Le Mrap refuse « la concurrence des mémoires ». (Communiqué, vendredi 15 février)

L’association « Enfants du Monde-Droits de l’Homme » (EMDH) : « Si elle était mise en œuvre, une telle proposition remettrait en cause le développement harmonieux des enfants en leur faisant porter le poids d’une histoire individuelle qu’ils n’auraient pas choisie ». « L’on ne peut faire porter à un enfant de 10 ans la personnalisation d’une mort dans des circonstances telles que la Shoah sans qu’il en soit affecté, psychologiquement et humainement ». (Communiqué, jeudi 14 février)

Les intellectuels

Régis Debray, philosophe : « L’idée est belle en soi », mais « déplacée car plus émotionnelle que pédagogique ». « Ce ne peut pas être une obligation scolaire ».
« Ce que je crains surtout, c’est une escalade des mémoires communautaires ». « Qui empêchera la communauté noire de réclamer une commémoration de la mémoire de l’esclavage? Puis les Arméniens, les Maghrébins? »
« L’idée de la laïcité implique un devoir d’abstention de la part de la puissance publique ». (France Inter, vendredi 15 février)

Jean-Pierre Azéma, historien spécialiste de l’histoire de Vichy, et membre du comité d’historiens Liberté pour l’histoire : cette initiative est « scandaleuse, à tous égards ». « C’est scandaleux d’embrigader des élèves pour le culte de la mémoire des enfants juifs martyrs ». « L’obligation, imposée sans la moindre concertation par le pouvoir politique en place, est insupportable et qui plus est, dangereuse et contreproductive ». (Déclaration à l’AFP, vendredi 15 février)

Henri Rousso, historien : « La nouvelle initiative apparaît incongrue, jetée soudain dans l’espace public comme d’autres annonces présidentielles ». « Une fois encore, seule émerge du passé une mémoire mortifère, seule est digne d’être remémorée avec éclat une histoire criminelle ». (Libération, vendredi 15 février)

Pascal Bruckner, écrivain : la décision du président Sarkozy « n’ajoute rien, hormis du pathos ». « C’est une initiative dangereuse, qui va faire dire, une fois de plus: ‘y’en a que pour les Juifs’ ». (Le Figaro, vendredi 15 février)

Serge Klarsfeld, écrivain, historien et avocat de la cause des déportés en France : cette initiative est le « couronnement d’un travail de longue haleine ». « On imprime mieux une histoire quand on est enfant, quitte à élargir cet effort de mémoire à d’autres questions, comme la colonisation ». (Déclaration, vendredi 15 février)

Source: Nouvel Observateur

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