L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a une nouvelle fois été entendu jeudi dans le dossier Clearstream par les juges d’Huy et Pons qui cherchent à confronter ses affirmations à celles de Jean-Louis Gergorin, corbeau présumé de l’affaire.
Les deux magistrats devaient notamment l’interroger sur les affirmations de l’ancien vice-président d’EADS, selon lesquelles il serait intervenu en faveur d’Imad Lahoud en mars 2004 alors que ce dernier était placé en garde à vue dans une affaire d’escroquerie, selon une source proche du dossier.
Dans cette affaire, les deux juges cherchent à savoir s’il existe un lien entre M. de Villepin, qu’ils soupçonnent d’avoir tenté de déstabiliser Nicolas Sarkozy pour lui barrer la route vers l’Elysée, et l’informaticien soupçonné d’être le falsificateur des listings Clearstream.
Lors d’une confrontation organisée le 11 décembre, M. Gergorin avait pour la première fois rejoint le général Rondot pour soutenir que Dominique de Villepin était intervenu pour faire libérer Imad Lahoud.
Si des liens entre les deux hommes étaient établis cela renforcerait la thèse de l’implication de M. de Villepin dans cette affaire de dénonciation calomnieuse.
Les deux hommes ont toujours nié se connaître.
L’ancien Premier ministre, poursuivi depuis juillet 2007 pour « complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol et d’abus de confiance et complicité d’usage de faux », est arrivé peu avant 14H30 au pôle financier du palais de justice de Paris dans une voiture qui s’est engouffrée dans le parking souterrain. L’audition a pris fin avant 18H00.
Selon une source proche du dossier, au cours de cette « audition-balai », les magistrats devaient également l’interroger sur la fréquence de ses rencontres avec Jean-Louis Gergorin au cours du premier semestre 2004.
Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères et de l’Intérieur, il n’y en a eu qu’une: le 9 janvier 2004, en présence du général Rondot.
M. de Villepin soutient n’avoir alors demandé au général Rondot que d’enquêter sur les listings mais qu’il n’avait « pas souhaité rentrer dans le détail nominatif des listings ».
Pour Jean-Louis Gergorin et le général Rondot, la mission confiée au général était « bien plus large » et portait sur les titulaires présumés des comptes.
A la suite de cette réunion, le dirigeant d’EADS avait tenté à plusieurs reprises de rencontrer Dominique de Villepin, ce que ce dernier soutient avoir toujours refusé.
Mais selon une source proche du dossier, sept chauffeurs et garde-du-corps de Jean-Louis Gergorin, entendus comme témoins par les policiers, ont expliqué que le dirigeant d’EADS s’était à de nombreuses reprises rendu au Quai d’Orsay puis place Beauvau dans les semaines qui suivirent la réunion du 9 janvier.
Au printemps 2004, Jean-Louis Gergorin remettait au juge Renaud van Ruymbeke les faux listings, événement à l’origine de cette affaire de dénonciation calomnieuse. Devant les juges d’Huy et Pons, M. Gergorin a soutenu avoir agi sur instruction de Dominique de Villepin, qui s’en défend.
Les magistrats continuent leurs travaux de vérification et « ferment des portes » sur d’autres points du dossier, selon une source proche du dossier.
Ils ont convoqué le général Rondot vendredi après-midi, pour l’interroger sur des affirmations d’Imad Lahoud lors d’une audition début janvier, selon cette source, qui a ajouté que Jean-Louis Gergorin était pour sa part convoqué mardi.
Source: Matthieu Rabechault (Agence France Presse)