L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a épinglé mercredi « l’hystérie qui caractérise le traitement » de l’affaire de la fraude à la Société Générale, avançant que la démission de son PDG Daniel Bouton relevait de « la responsabilité » de son conseil d’administration.
« Cette affaire est révélatrice d’une crise générale de notre société très profonde, on le voit à travers la crise financière dans le traitement de cette crise: il y a une sorte d’hystérie », a estimé Dominique de Villepin sur Europe 1.
L’emballement médiatique à propos de l’affaire de la Société générale confine à l’hystérie et ne contribue pas à éclairer les citoyens, estime Dominique de Villepin.
L’ancien Premier ministre, qui était interrogé sur Europe 1, a dit voir dans cette affaire des éléments révélateurs « d’une crise générale de notre société », une société qui, dit-il, justement ne progresse que par crise.
« La crise est forcément salutaire parce qu’il n’y a que dans ces moments-là qu’on réfléchit. Face à ces complexités, nos sociétés ont intérêt à inventer des systèmes raisonnables qui puissent être des garde-fous », a noté l’ancien chef du gouvernement.
Pour Dominique de Villepin, « on ne prend pas suffisamment le temps du diagnostic » dans cette retentissante affaire lancée par la révélation d’une perte de 4,9 milliards d’euros que la Société générale impute à un jeune trader, Jérôme Kerviel.
« De quoi parle-t-on ? », s’est interrogé l’ancien chef du gouvernement. « Combien d’experts se déversent dans les radios, dans les télévisions pour expliquer des choses contradictoires ».
« Je crois qu’on ne prend pas dans nos sociétés suffisamment le temps du diagnostic. De quoi parle-t-on? (…) Une fois qu’on a identifié la difficulté, que chacun prenne ses responsabilité ».
L’ancien Premier ministre a rappelé qu’ »il y a un conseil d’administration de cette banque qui a pris cette responsabilité en reconduisant M. Bouton » après une première proposition de démission. « Est-ce qu’elle continuera à le faire dans les prochaines semaines, c’est sa responsabilité et la responsabilité ne se divise pas ».
« Il y a une sorte d’hystérie, la recherche de bouc émissaire, on commence pas vouloir pendre ce jeune trader puis maintenant c’est au tour du président de la banque ».
Dominique de Villepin, qui avoue avoir du temps depuis son départ de Matignon en mai dernier, temps qu’il consacre en partie à l’écriture, a jugé que le temps était justement « un élément métaphorique intéressant dans cette crise ».
« Ce jeune homme ne prenait pas de vacances », a-t-il fait remarquer à propos de Jérôme Kerviel. « Quand on ne prend pas de vacances, quand on ne prend pas le temps de respirer (…), votre vie est envahie, débordée, vous faites des bêtises ».
Sources: Reuters et Associated Press