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Parlement : la session d'automne a été menée au pas de charge

L’Assemblée nationale et le Sénat ont interrompu, hier soir, leurs travaux pour la traditionnelle trêve de Noël. Les élus de la majorité, qui ont multiplié les signes d’exaspération, se plaignent de ne pas suffisamment « exister ».

François Fillon avait promis aux parlementaires de la majorité « de la sueur et des séances de nuit ». Et de fait, la première session d’automne de la législature, qui s’est achevée hier soir, a été menée au pas de charge.

Outre les traditionnels projets de budget et de financement de la Sécurité sociale pour 2008, les députés ont notamment planché sur la lutte contre la corruption, le développement de la concurrence au service des consommateurs, la lutte contre la contrefaçon, la simplification du droit. Et, surtout, sur le projet de loi sur le pouvoir d’achat, qui vise à mettre en musique les annonces faites par Nicolas Sarkozy. Lui trouver une petite place dans l’ordre du jour n’a pas été aisé.

« Le rythme des réformes est lourd », a constaté Roger Karoutchi, le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, assurant que « 50 % des engagements de campagne » de Nicolas Sarkozy ont déjà été votés.

Pour autant, le climat n’a pas été des plus sereins au sein de la majorité. Trois mois durant, les élus UMP n’ont eu de cesse d’épancher leurs états d’âme. Ils ont grogné contre la réforme des institutions, contre celle de la carte judiciaire, les franchises médicales, l’amendement sur les tests ADN pour les candidats au regroupement familial ou encore les contraintes créées par le Grenelle de l’environnement…

« Sentiment de désoeuvrement »

Des tiraillements doublés de réels flottements dans la gestion du groupe UMP, qui ont manqué de faire échouer l’adoption de textes clefs. Cette semaine encore, les élus du parti majoritaire se sont retrouvés en minorité dans l’hémicycle – pour la troisième fois de la session – lors du débat sur le projet de loi sur le pouvoir d’achat, échappant de peu à une motion de procédure du PS. Au début du mois, l’examen du projet de refonte du Code du travail avait déjà dû être ajourné d’une semaine pour éviter un revers, comme sur le financement du Nouveau Centre.

Les ténors de l’UMP tentent de minimiser ces couacs, mettant en avant le rythme soutenu des réformes et du calendrier parlementaire, et accusant les socialistes de vouloir faire des « coups » en venant massivement en séance. Le député UMP Jérôme Chartier évoque ainsi un simple « temps de calage » permettant à chacun de « trouver ses marques ». Il n’empêche. Les parlementaires, recadrés dès le début de la session par Nicolas Sarkozy (« Il ne peut y avoir qu’une seule ligne politique »), vivent mal la pression gouvernementale et s’exaspèrent de ne pas être davantage associés aux réformes.

« La majorité, qui s’est succédé à elle-même, a envie d’exister. Ni monolithe, ni caporalisée, ni engodillodisée », explique Yves Jégo, le porte-parole de l’UMP. « Les textes viennent vite… », soupire Pierre Méhaignerie, le président de la commission des Affaires sociales, souhaitant que le rythme du travail parlementaire soit « amélioré ».

« Il y a un sentiment de désoeuvrement. Le Parlement s’ennuie. On l’occupe mais il ne s’y passe rien puisque tout se passe ailleurs », critique le villepiniste François Goulard. Jean-François Copé, le président du groupe UMP, le dit lui aussi, en filigrane, qui souhaite « que les députés UMP ne soient pas la dernière roue du carrosse ». Roger Karoutchi, lui, n’y voit que des « idées reçues » : « Un tiers des amendements déposés ont été adoptés, dont 90 % avec l’aval du gouvernement ».

Les délices des socialistes

Ces états d’âme de la majorité font en tout cas les délices des socialistes, qui n’ont de cesse de dénoncer, au-delà du fond, « la manière dont gouverne le président ». Inaudible en début de session, le PS s’est montré plus offensif à la faveur du débat sur le pouvoir d’achat. A l’approche, aussi, des municipales. « Petit à petit, les lumières de la fête s’éteignent », veut croire Jean-Marc Ayrault, le chef de file des députés du PS.

Source: Pierre-Alain Furbury (Les Echos)

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