Le 2 décembre 1805, autour du petit village d’Austerlitz en Europe centrale, trois empereurs s’affrontent au cours de la plus extraordinaire bataille des temps modernes.
En un jour, avec sa Grande Armée, Napoléon défait les deux plus puissantes armées du moment faisant preuve d’une stratégie brillante qui deux siècles plus tard est encore enseignée dans les écoles militaires du monde entier, de Saint-Cyr à Sandhurst.
En route pour Austerlitz
En 1805, Napoléon s’était donné comme objectif d’abattre l’Angleterre. Au Camps de Boulogne, il avait réuni près de 200.000 hommes. Mais c’est à l’Est que son attention va être attirée: en août, une 3ème coalition unissant Autrichiens et Russes financée par les Anglais attaque par surprise la Bavière, alliée de la France. Napoléon fait aussitôt mettre en marche près de 100.000 soldats le 28 août. Avec une rapidité qui sidère l’adversaire il passe le Rhin et fonce sur le général autrichien Mack qui s’est réfugié dans Ulm. Encerclé et isolé, Mack doit se rendre le 20 octobre. Napoléon s’empare de 27 canons et 27.000 prisonniers. Napoléon apprendra peu de temps après l’anéantissement de la flotte française par l’Amiral Nelson à la bataille de Trafalgar le 21 octobre. Le 13 novembre, Murat qui poursuivait l’arrière-garde autrichienne entre triomphalement dans Vienne sans livrer bataille. Les troupes françaises ont couvert plus de 1200 kilomètres en un peu plus de soixante jours.
Le plan de Napoléon
Une semaine plus tard, l’Empereur est à Brünn et pousse jusqu’à Austerlitz. A la surprise générale, il n’occupe ni le village, ni le plateau du Pratzen qui le précède ce qui conduit les deux empereurs alliés, François II l’Autrichien et Alexandre Ier le Russe, à penser que Napoléon se prépare à se replier. Ils occupent aussitôt Austerlitz et le plateau. Le 29 novembre, le prince Dologorouski, aide du camp de Tsar, vient proposer une armistice à des conditions exorbitantes et en repart convaincu que la victoire est à portée de sabre. En fait, l’évacuation du plateau répond à une volonté de Napoléon de voir les Austro-Russes déployer largement leurs troupes sur le plateau au risque de trop les étirer. De plus, en dégarnissant son aile droite, il incite les Alliés à attaquer à leur gauche pour lui couper la route de Vienne.
La bataille d’Austerlitz
Et effectivement, dès le 1er décembre, les Alliés se portent avec 30.000 hommes sur la droite française de Davout et ses 9.000 hommes. La bataille commence vraiment le 2 au petit matin: les Austro-Russes se concentrent sur l’aile droite de Napoléon tandis que le général Bagration affronte l’aile gauche de Murat et de Lannes. Lorsque le brouillard qui dissimulait les troupes françaises commence à se dissiper et que brille de tous ces feux le soleil d’Austerlitz, le plateau est dégarni. Napoléon laisse alors partir les régiments de Soult qui escaladent le Pratzen, s’en emparent après une bataille acharnée coupant les deux ailes austro-russes qui ne se rejoindront jamais. Désorganisée, divisée, bousculée, l’armée alliée se disperse et une partie s’échouera sur les étangs gelés avant de se noyer, Napoléon ayant fait tonner le cannon pour briser la glace.
Une bataille décisive
Cette bataille que d’aucun considère comme la bataille des batailles a vu 65.000 Français battre 100.000 Austro-Russes en moins de 9 heures. 185 canons seront pris à l’ennemi: ils finiront fondus pour ériger la colonne de la Place Vendôme. 45 drapeaux seront pris à l’ennemi contre un aigle perdu (mais Napoléon le regrettera beaucoup). La bataille des trois empereurs se concluera par la signature du Traité de Presbourg le 26 décembre 1805 qui verra la fin du Saint-Empire germanique.
La proclamation victorieuse de Napoléon 1er (12 frimaire an XIV)
« Soldats, je suis content de vous ; vous avez à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité. Vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire. Une armée de 100.000 hommes commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé à votre fer s’est noyé dans les lacs.
40 drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, 120 pièces de canon, 20 généraux, plus de 30.000 prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée et en nombre supérieur n’a pu résister à votre choc, et, désormais, vous n’avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette troisième coalition a été vaincue et dissoute. La paix ne peut plus être éloignée, mais, comme je l’ai promis à mon peuple avant de passer le Rhin, je ne ferai qu’une paix qui nous donne des garanties et assure des récompenses à nos alliés.
Soldat, lorsque ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de votre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France : là vous serez l’objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : j’étais à la bataille d’Austerlitz pour que l’on vous réponde : Voilà un brave ! »