Dans une interview au Parisien, Hervé Mariton, député-maire de Crest (Drôme) et Président du Club Réforme et Modernité, estime que le gouvernement « ne bouscule pas assez les choses ». « Nous sommes très bons dans l’annonce, mais un peu courts sur les résultats », déplore-t-il.
Le Parisien : Y a-t-il un malaise au sein du groupe UMP ?
Hervé Mariton. Non, il n’y a pas de malaise, pas de spleen ni d’angoisse, mais de l’exigence et de la vigilance. C’est une attitude saine qui consiste à dire que ça n’est pas gagné. Pendant la campagne électorale, on a placé les enjeux très haut sur des choses très concrètes, en particulier le pouvoir d’achat. On a pris une très grande responsabilité. Ni le président de la République ni la majorité parlementaire ne peuvent décevoir. Peut-être ne bouscule-t-on pas assez les choses. Prenons les heures supplémentaires : on a abouti à un système très compliqué, dont des chefs d’entreprise nous disent qu’il ne s’applique pas. Prenons le service minimum : la loi ne s’appliquera que le 1er janvier 2008, mais si elle s’était appliquée pour les grèves à la SNCF, la RATP ou Air France, elle n’aurait rien réglé.
Les députés sont-ils inquiets à cause des élections municipales ?
L’horloge tourne. Les municipales sont l’un des rendez-vous que nous aurons avec l’opinion. Les citoyens ne se contentent pas de slogans, aussi bons soient-ils. Nous sommes très bons dans l’annonce, mais un peu courts sur les résultats. Viendra un moment où l’opinion jugera la livraison et pas seulement la commande. Notre responsabilité, c’est que ça marche. Mais je crois qu’on sous-estime la volonté de changement des Français, leur intelligence à comprendre que c’est compliqué, et leur exigence de résultats.
Augmenter le salaire du président, était-ce opportun ?
C’est techniquement justifié. Mais ce qui aurait de l’allure, c’est que Nicolas Sarkozy propose une augmentation de salaire qui ne s’applique pas à lui, mais à son successeur.
Et la réforme des institutions ?
Ce n’est pas l’urgence. L’urgence, c’est la croissance, l’emploi, le pouvoir d’achat. Nicolas Sarkozy recherche sur la réforme institutionnelle un consensus qui n’existe pas actuellement. D’ailleurs il n’a pas été élu pour trouver des consensus. Là encore, ce n’est pas un mouvement de mauvaise humeur. Nous faisons notre boulot, ce n’est pas gagné d’avance et nous avons l’insolence de le dire.
Source: Le Parisien