Georges Tron affirme qu’ils sont une trentaine de parlementaires. « Mais beaucoup restent dans l’ombre par crainte de représailles », justifie le député de l’Essonne. « S’ils sont identifiés, ils seront écartés des postes clefs ». Leur tort, selon les sarkozystes : avoir prêté allégeance à l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin.
L’ouverture, « une mauvaise stratégie ». Le budget 2008, « pas rassurant ». Les tests ADN, « une erreur ». Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, à l’instar de George Tron, ce sont les seuls députés de la majorité à critiquer aussi ouvertement le gouvernement. Une opposition dans la majorité ? « C’est précisément le rôle des députés ! « , se défend Hervé Mariton, autre villepiniste » assumé « . « Le but n’est pas de compliquer la vie du gouvernement, mais de l’enrichir », explique diplomatiquement le député de la Drôme. Même son de cloche chez Jean-Pierre Grand, qui revendique une totale liberté d’expression. « Il ne faut évidemment pas faire le jeu de l’opposition », explique le député de l’Hérault, qui s’est pourtant attiré les foudres de la majorité en décidant de soutenir la candidature de la sortante socialiste Hélène Mandroux à la mairie de Montpellier, face au député UMP Jacques Domergue. » C’est l’ouverture dans les deux sens « , ironise Jean-Pierre Grand qui, à travers cette décision, entend tourner en dérision la politique d’ouverture du président.
« Tout est fait pour que les députés respectent une ligne », se désole François Goulard. Prompt à la critique du gouvernement, l’ancien ministre de Dominique de Villepin récuse pourtant l’étiquette de villepiniste. Il estime qu’elle lui est attribuée « par commodité de langage ». Reste que la participation du député-maire de Vannes (Morbihan) à un meeting contre les tests ADN organisé par le Parti socialiste (dimanche 14 octobre) l’a définitivement rangé comme personna non grata de la majorité. Critiqué à demi-mots par François Fillon, désavoué ouvertement par Jean-François Copé, François Goulard ne regrette rien. « Je ne considère pas que les députés doivent être sous l’autorité du chef de l’État, ça n’est pas ma conception des institutions », précise-t-il.
« Il y a un certain ostracisme à notre égard », atteste Georges Tron. Loin de s’en plaindre, le député rappelle que Nicolas Sarkozy a lui-même bâti sa force en se singularisant par rapport à la majorité de l’époque. » Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ? Ce serait trop simple. »
Source: Cyriel Martin (Le Point)