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80 questions pour Dominique de Villepin

La semaine qui vient de s’écouler a vu le retour dans les médias de Dominique de Villepin. Une exposition qui l’a vu beaucoup répondre sur l’affaire Clearstream, annonçant qu’il allait apporter aux juges sa lumière sur le dossier. Ceux-ci doivent l’entendre jeudi, et ont beaucoup de questions à lui poser, d’autant qu’ils disposent d’élements nouveaux et confirmés par les autres protagonistes.

La semaine qui commence est cruciale pour Dominique de Villepin. Après avoir donné une dizaine d’interviews ces jours derniers, pour protester de son innocence dans l’affaire Clearstream tout en critiquant la posture de victime adoptée par Nicolas Sarkozy, l’ancien Premier ministre devra se rendre jeudi au pôle financier de Paris, où il a été convoqué par les juges d’Huy et Pons. Il sera interrogé longuement en qualité de mis en examen (JDD du 29 juillet). Et le lendemain, ses avocats, Mes d’Antin et Brossolet, livreront bataille devant la chambre de l’instruction pour faire annuler des mesures de contrôle judiciaire que Villepin trouve inutiles et humiliantes, notamment les 200 000 euros de caution et l’interdiction de rencontrer Jacques Chirac. Un combat pour l’honneur car c’est l’interrogatoire de jeudi qui sera déterminant pour son avenir judiciaire.

Selon des sources proches du dossier, Jean-Marie d’Huy et Henri Pons auraient prévu de poser quelque 80 questions à Dominique de Villepin. Les rapports des expertises réalisées sur son ordinateur et sur un CD-Rom saisis à son domicile n’étaient pas encore versés au dossier d’instruction vendredi. C’est essentiellement sur les dernières déclarations de Jean-Louis Gergorin et du général Rondot que Dominique de Villepin devrait être interrogé. Depuis la découverte, fin juin, de fichiers effacés dans l’ordinateur du général Rondot, Dominique de Villepin est soupçonné d’avoir sciemment « balancé » Nicolas Sarkozy à la justice, en demandant à Jean-Louis Gergorin de transmettre les listings Clearstream à un juge.

Jeudi, le général Philippe Rondot a – de nouveau – été longuement entendu par les juges. L’officier a confirmé la plupart des déclarations fracassantes faites par Jean-Louis Gergorin les 18 et 20 juillet, selon lesquelles Dominique de Villepin s’était, courant 2004, impliqué de très près dans l’affaire Clearstream, en faisant état d’instructions du président Jacques Chirac. Mais le général a également déclaré qu’il découvrait beaucoup de choses, notamment les tête-à-tête secrets Villepin-Gergorin, et estimé qu’il avait donc été « mis à l’écart », en dépit de la mission dont il avait été chargé.

Pour preuve de sa bonne foi, Philippe Rondot a, selon nos informations, remis jeudi aux juges la notice d’utilisation des quatre terminaux BlackBerry (des téléphones portables « intelligents ») qui étaient utilisés par les principaux protagonistes pour communiquer discrètement, avec des noms de code. Sur ce document, le général avait inscrit les noms des utilisateurs et leurs numéros d’appel. Lui-même utilisait le terminal désigné sous le nom d’ »Amsterdam », son assistante « Madrid », Gergorin « Londres », et Lahoud « Bruxelles ». Philippe Rondot a également fourni les numéros d’appel des appareils (des abonnements SFR aux numéros très proches et commençant par 06.09), dont les juges ne disposaient pas jusqu’ici.

Munis de ces nouvelles données, les juges vont très certainement chercher à reconstituer les échanges entre ces quatre terminaux, qu’il s’agisse de communications téléphoniques, de SMS ou d’e-mails. Mais il leur faudra également éclaircir un nouveau mystère, celui du terminal « Madrid »: le général l’attribue à son assistante, alors que Lahoud en a revendiqué l’utilisation, et que Gergorin dit l’avoir octroyé à Villepin! Interrogée le 27 juillet, l’ancienne secrétaire particulière de Villepin a déclaré aux juges: « Il est exact que le BlackBerry remis par M. Gergorin affichait ‘Madrid’ sur son écran lorsque je l’allumais. » Selon elle, ce terminal n’aurait servi que « pour répondre aux demandes de rendez-vous faites par M. Gergorin », et n’aurait jamais été utilisé « par M. de Villepin » lui-même: la secrétaire assure qu’elle seule l’utilisait. D’ailleurs, dit-elle, « M. de Villepin ne connaît rien à la technique, que ce soit l’informatique ou la téléphonie ».

Source: Michel Delean (Le Journal du Dimanche)

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