L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin affirme, dans une émission à diffuser vendredi soir sur France 2, qu’on saura le 13 septembre, jour de son audition par les juges, que « la fiction politique » de l’affaire Clearstream sera finie ce jour-là.
Il estime, par ailleurs, que Nicolas Sarkozy a pu « impressionner » la justice dans cette affaire. « Quand on dit qu’on veut pendre quelqu’un à un croc de boucher et qu’on est ministre d’Etat, (…) on impressionne d’une façon ou d’une autre la justice », commente l’ex-Premier ministre.
« Le 13 au soir, la fiction d’une affaire politique dans Clearstream, qui serait au cœur du dossier sera finie« , déclare l’ex-Premier ministre au cours d’ »Esprits libres », que France 2 doit diffuser vendredi soir et dont des extraits ont été transmis à l’AFP.
« Quand on n’a rien à se reprocher, on n’a pas peur« , commente Dominique de Villepin.
« Il n’y a rien » dans le dossier, continue-t-il, se demandant « comment une affaire internationale (qui) pouvait menacer les intérêts français » serait devenue politique « par un tour de passe-passe ».
« Qui l’a organisée ? », s’interroge Dominique de Villepin : « Qui a eu intérêt pendant 3 ans à multiplier les fuites de l’instruction pour démontrer que j’étais, au fond, l’homme qui avait organisé tout ça ? Il se trouve que c’est faux et qu’on le saura le 13 septembre. »
Dominique de Villepin affirme qu’il « n’en veut à personne », mais revient ensuite sur des propos prêtés dans plusieurs livres à Nicolas Sarkozy, et selon lesquels l’actuel chef de l’Etat aurait fait vœu de « pendre lui-même à un croc de boucher celui qui a fait ça », à savoir la manipulation des fichiers Clearstream visant à le déstabiliser.
« Quand on dit qu’on veut pendre quelqu’un à un croc de boucher et qu’on est ministre d’Etat, ministre de la sécurité ou président de la République, on impressionne d’une façon ou d’une autre la justice« , dit-il.
« Je veux comprendre », lance-t-il enfin, avant de promettre qu’il demandera « excuses et réparation ».
Interrogé mercredi 5 septembre sur France Inter, Dominique de Villepin avait déjà affirmé que Nicolas Sarkozy n’a « pas été victime d’une machination politique dans le dossier Clearstream » qui selon lui, aurait été « reconstruit » pour défendre cette thèse.
Selon l’ancien chef du gouvernement, « il n’y a pas de dimension politique dans ce dossier. Nicolas Sarkozy n’est pas victime d’une machination politique. Ce dossier a été reconstruit pour défendre cette thèse politique, ce qui est aujourd’hui la source de l’injustice qui m’est faite« , a résumé l’ancien Premier ministre.
« J’apporterai le 13 septembre tous les éléments aux magistrats qui montreront que cette affaire n’est pas une affaire politique. Je prouverai que je ne suis pas dans ce dossier » a-t-il affirmé.
« Je veux savoir par quel tour de passe-passe et par quelle manipulation cette thèse politique d’un Nicolas Sarkozy qui aurait été visé dans cette affaire pour des raisons politiques s’est imposée, parce que c’est la grande clef. Tout cela s’est passé insidieusement, à coup de violations du secret de l’instruction », a poursuivi l’ancien Premier ministre, en s’étonnant que l’enquête judiciaire sur la violation de l’instruction dans le dossier Clearstream ait été récemment close.
« J’apporterai des éléments qui, à mon sens, devraient permettre de rouvrir cette instruction », a-t-il affirmé.
Dominique de Villepin a par ailleurs confirmé avoir écrit aux juges qui instruisent l’affaire Clearstream, confirmant ainsi une information publiée mardi par Paris Match sur son site internet.
Dans ce courrier, selon les extraits rapportés par l’hebdomadaire, Dominique de Villepin se plaint de sa caution, fixée à 200.000 euros : « je ne vous cacherai pas l’incompréhension qui est la mienne d’avoir à payer la moindre somme. Peut-on craindre sérieusement d’une quelconque façon que je cherche à échapper à mes obligations? »
« Permettez-moi, par ailleurs, de m’étonner du procès d’intention politique qui m’est fait, il est plus qu’absurde de m’accuser d’avoir voulu discréditer un soi-disant rival », dit-il également, en référence à Nicolas Sarkozy.
Réitérant « solennellement » son innocence, l’ancien Premier ministre rappelle les « humiliations » qui lui sont « infligées, plus qu’inutiles », notamment celle de ne pouvoir rencontrer l’ancien président Jacques Chirac.
Il répète également ses interrogations sur un Etat de droit. « Que penser d’une instruction où la partie civile, en tout cas la seule qui retienne l’attention, est le président de la République lui-même et, à ce titre, susceptible de donner à la Chancellerie toute instruction qu’il juge opportune. Etrange situation pour un Etat de droit, mais je veux croire en la justice de mon pays ».
Et de conclure : « Je veux croire aussi en la force de la vérité et je me battrai sans relâche pour cela ».
Sources: Agence France Presse et Reuters