Dominique de Villepin a prévenu mercredi qu’il entendait « dire ce qu’il pense » de la politique conduite par la majorité présidentielle, car « le pouvoir a besoin d’être alimenté, irrigué, nourri de propositions ».
« Pour avancer, il faut des débats, il faut une capacité de se remettre en question », a dit l’ancien Premier ministre sur RTL, en soulignant la « menace permanente, autour du pouvoir, d’isolement, de courtisanerie ».
M. de Villepin, critiqué par l’UMP pour avoir souligné lundi la nécessité de « résultats », a prévenu : « J’entends dire ce que je pense, parce que ce que j’ai vécu doit pouvoir servir à ceux qui sont aujourd’hui en responsabilité pour faire mieux ».
L’ancien chef du gouvernement a rappelé avoir « fait baisser le chômage de deux points en deux ans ». « Je ne souhaite qu’une chose, qu’on le baisse de quatre points dans les deux prochaines années », a-t-il dit.
Revenant sur la censure du Conseil constitutionnel d’une des dispositions fiscales sur les intérêts d’emprunts immobiliers, M. de Villepin a expliqué que la haute juridiction n’avait fait qu’appliquer « le principe incontournable de non rétroactivité des lois ».
« On ne peut pas faire reproche à Jean-Louis Debré et au Conseil constitutionnel de faire respecter la Constitution. Le gouvernement a eu une bonne intention (…) On doit promettre des choses aux Français, mais ces choses doivent être réalisables », a-t-il fait valoir.
Mis en examen dans l’affaire Clearstream, l’ancien Premier ministre a estimé à nouveau que ce dossier était une « construction » et s’est défendu d’avoir cherché à nuire à Nicolas Sarkozy, alors son rival pour l’élection présidentielle.
« Ce dossier n’est pas un dossier de rivalité politique, c’est une construction », a-t-il déclaré en réfutant la thèse de la machination destinée à nuire à son rival pour l’élection présidentielle Nicolas Sarkozy.
M. de Villepin a en outre confirmé qu’il ne demanderait pas à être jugé par la Cour de justice de la République (CJR). « Je ne revendique aucun privilège, aucun avantage (…) on me demande de répondre à la justice, je réponds », a-t-il dit.
« Ce que je veux c’est que la vérité apparaisse rapidement. Je suis blessé dans cette affaire, blessé par ce que j’estime être un acharnement inutile. Quand on s’en prend à ma famille, quand on s’en prend à mes enfants, cela me blesse », a-t-il ajouté.
Dans l’affaire Clearstream, selon l’ancien chef du gouvernement, « une thèse s’est imposée à l’automne 2004, qui n’avait rien à voir avec le sujet qui était une affaire industrielle et internationale. Cette thèse (celle de la machination politique, ndlr) s’est imposée au point d’imprimer l’instruction judiciaire ».
« Quand on sort des procès verbaux d’audition tronqués, quand on sort des pièces d’un dossier, des éléments de perquisition isolés de leur contexte on peut faire dire n’importe quoi », a-t-il estimé avant d’ajouter : « Tout cela est mis au service d’une accusation contre moi, je le dis c’est faux et c’est injuste. Il n’y a pas en justice une thèse qui préexiste à la vérité ».
Interrogé sur la position de l’ancien président de la République Jacques Chirac qui a décidé de ne pas répondre aux questions des juges Jean-Marie d’Huy et Henri Pons, en invoquant l’article 67 de la Constitution, M. de Villepin a simplement répondu : « Je respecte ce que dit et ce que veut Jacques Chirac ».
L’ancien Premier ministre était invité sur RTL pour parler de son second livre sur Napoléon, « Le Soleil noir de la puissance, 1796-1807″, dans lequel il décrit notamment l’ascension vers le pouvoir de Bonaparte.
Sources: Agence France Presse et Reuters
La vidéo de l’interview est en ligne sur http://direct.rtl.fr/