Anne-Aymone Giscard d’Estaing ne s’est jamais installée à l’Elysée. Elle trouvait les appartements privés trop mal agencés pour y loger avec ses quatre enfants. Elle y avait une chambre et un bureau mais venait au Palais essentiellement pour les réceptions.
Ces sept années ont pesé sur la First Lady. Son époux, soucieux de donner une image nouvelle du pouvoir à la manière de son modèle JFK, l’a mise en avant à plusieurs reprises. On se souvient en 1976 de cette femme timide et embarrassée, assise à côté du chef de l’Etat pour le traditionnel message de bonne année aux Français.
Quand, dans une interview au Point, elle se prononce pour un salaire maternel versé aux femmes au foyer, les observateurs se demandent si Valéry Giscard d’Estaing n’a pas envoyé son épouse en mission politique. D’autant qu’elle effectue déjà des voyages où elle fait en sorte de le représenter. Ce rôle plus apparent ne lui vaut que des déconvenues. Elle va devenir la cible des attaques de l’opposition. La gauche, qui n’a de cesse de dénoncer les «dérives monarchiques» de VGE, trouve une variante avec cette nouvelle «reine de France».
Anne-Aymone Giscard d’Estaing souffre de ces attaques. Elle essaie tant bien que mal de préserver une famille qu’elle supporte quasiment seule depuis des années. Et elle trouve un réconfort – et un rôle caritatif qui lui convient – avec la Fondation pour l’enfance maltraitée qu’elle a créée fin 1977.
En 1981, quand VGE s’inclinera face à François Mitterrand, elle devra néanmoins subir une dernière épreuve : les lazzi et les sifflets de la rue lorsque son mari quittera le palais présidentiel. Mais, contrairement à lui, elle n’éprouvera jamais de nostalgie en songeant aux ors de l’Elysée.
Source: Le Figaro Magazine