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Jean-Pierre Grand propose son siège de député à Dominique de Villepin qui sera réentendu par les juges en septembre

Volant au secours de Dominique de Villepin mis en examen vendredi dans l’affaire Clearstream, le député UMP de l’Hérault Jean-Pierre Grand a proposé dimanche de lui offrir sa place à l’Assemblée afin que l’ancien Premier ministre puisse « se défendre politiquement ».

« Cette affaire, c’est une véritable affaire Dreyfus », a affirmé le député sur iTélé, après avoir fait sa proposition dans une tribune publiée par le « Journal du Dimanche ».

« Vous avez vu la violence de ce qui est fait contre Dominique de Villepin? Les perquisitions… ils sont allés jusqu’à démonter les lits des enfants! Dans quel monde on vit? », s’est-il indigné.

« On veut le mettre à terre, on veut l’humilier, parce que demander 200.000 euros de caution c’est une mesure qui généralement s’applique aux très grands délinquants pour qu’ils ne quittent pas le territoire national », a-t-il dénoncé.

« Aujourd’hui, si on veut vraiment qu’il puisse se défendre (…) il faut qu’il rentre dans le jeu politique, il faut qu’il siège au Parlement français », a expliqué Jean-Pierre Grand.

« En traitant Dominique de Villepin comme s’il était à la tête d’un réseau de trafiquants de drogue, les juges et les policiers portent atteinte à la démocratie », assure le député dans le JDD, estimant que Dominique de Villepin « n’a fait que son devoir de ministre en demandant, probablement, la vérification normale d’un fichier intimement lié à l’affaire des frégates de Taïwan et donc aux intérêts stratégiques de la France ».

« Nous sommes suffisamment nombreux comme députés à le soutenir pour que l’un d’entre nous fasse le geste politique fort de démissionner afin qu’il puisse siéger à l’Assemblée nationale. (…) Je suis prêt à lui proposer le mien si cela peut être utile à la défense de son honneur et de la démocratie », affirme-t-il, jugeant cette mise à l’écart « tellement grave et injuste ».

Mis en examen vendredi pour « complicité de dénonciation calomnieuse, complicité d’usage de faux, recel de vol et recel d’abus de confiance » et placé sous contrôle judiciaire, l’ancien Premier ministre sera de nouveau entendu par les juges d’instruction dans le courant du mois de septembre, a-t-on appris de sources judiciaires.

Le Journal du dimanche, qui annonçait cette convocation pour la fin août, ajoutait que les juges Jean-Marie d’Huy et Henri Pons « semblent plus que jamais décidés à recueillir les explications de Jacques Chirac et à réentendre Michèle Alliot-Marie ».

Dominique de Villepin a été mis en examen pour « complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol, recel d’abus de confiance et complicité d’usage de faux » par les juges dans l’enquête sur une possible conspiration politique.

Vendredi, l’ancien Premier ministre a demandé aux juges un délai avant de répondre à leurs questions afin de prendre connaissance du volumineux dossier.

Soupçonné d’avoir participé à une manipulation visant à nuire à Nicolas Sarkozy à l’aide des faux listings de la société Clearstream, il a fait appel du contrôle judiciaire qui lui a été imposé et qui prévoit le versement d’une caution de 200.000 euros ainsi que l’interdiction de rencontrer les protagonistes désignés de l’affaire ainsi que l’ancien président Jacques Chirac.

Il avait déclaré vendredi à la presse qu’il répondrait « à l’ensemble des questions qui (lui) seront posées » mais ses avocats avait précisé qu’il n’avait pas encore décidé de contester ou non la compétences des juges.

Les actes commis par les ministre ne peuvent en effet, en principe, faire l’objet de procédures que devant la Cour de justice de la République, une juridiction spéciale.

Jean-Louis Gergorin, un des protagonistes de l’affaire, a de son côté dit aux juges que Dominique de Villepin lui avait demandé de communiquer à un juge les listings falsifiés de comptes bancaires sur lesquels apparaissait le nom de Nicolas Sarkozy.

Selon des extraits de l’audition de Jean-Louis Gergorin publiés dans la presse, il a précisé que Dominique de Villepin lui avait dit que cette instruction émanait du président de la République de l’époque, Jacques Chirac.

Michèle Alliot-Marie, une des intervenantes de ce dossier alors qu’elle était ministre de la Défense, a déjà été interrogée par les juges en novembre 2006.

Sources: Associated Press et Reuters

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