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Première garden party du Président Sarkozy

« Victimes » et « héros » anonymes étaient les invités d’honneur de la première garden-party du président Nicolas Sarkozy à l’Elysée pour le 14 Juillet.

Ils étaient environ 2.000 dans les jardins du palais présidentiel, certains en chaise roulante, parmi près de 3.000 autres invités plus « classiques » : élus, militaires en uniforme des 27 pays de l’Union européenne, vedettes du « show business » comme les chanteurs Doc Gyneco et Faudel, du monde de la télévision et de la culture, élèves de grandes écoles…

Le chef de l’Etat leur a rendu hommage dans une brève allocution sur la terrasse qui domine le parc de l’Elysée : « Il y a parmi vous beaucoup de héros anonymes qui ont fait des choses admirables », a-t-il dit.

Il y avait notamment dans la foule un homme qui a sauvé cinq enfants d’un incendie ou une femme-médecin spécialisée dans l’accompagnement des personnes en fin de vie.

A ceux « pour lesquels la vie n’a pas été indulgente cette année », le président a assuré que la Nation prenait en compte leur souffrance parce qu’ils ont « résisté » et « refusé de subir ».

Il a dédié le défilé du 14-Juillet sur les Champs-Elysées à un petit garçon infirme – « Je voudrais dire à tous ceux qui sont heureux et qui se croient malheureux qu’ils pensent au petit Guillaume, dont le seul rêve était d’être assis au premier rang le jour de la Fête nationale ».

Il a de nouveau salué la présence sans précédent dans le défilé de détachements des 26 autres pays de l’UE.

« Ces armées étaient un symbole d’unité et de paix et nous avons voulu dire que la France était de retour en Europe et que l’Europe devait regarder la France avec d’autres yeux », a-t-il dit. « C’était magnifique (…) ces drapeaux, ces soldats qui montrent que l’Europe ce n’est pas la négation des Nations. L’Europe se construit sur et avec les nations. »

Auparavant, il avait déjeuné dans la résidence des hôtes de l’Etat, l’Hôtel Marigny, tout proche de l’Elysée, avec une centaine d’invités de marque, dont les membres du gouvernement et leurs épouses, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le représentant diplomatique de l’UE Xavier Solana, le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering, le Premier ministre portugais José Socrates, président en exercice de l’UE, et l’émir du Qatar.

Nicolas Sarkozy y est entré avec l’ex-ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn, candidat de l’UE à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), qu’il voulait présenter à José Socrates mais qui n’est pas resté déjeuner.

Ce déjeuner de « VIPs » en marge de la garden-party était en réalité une des seules nouveautés de ce 14-Juillet à l’Elysée – avec l’absence d’interview télévisée présidentielle.

« Apparemment, les buffets sont comme les autres années, la garde est dans le même état, donc il y a une certaine continuité dans la République », a ironisé le sénateur socialiste Michel Charasse, un des rares parlementaires de gauche présents et l’un des premiers invités à faire le siège des buffets.

Contrairement à son prédécesseur Jacques Chirac, le chef de l’Etat ne s’est mêlé à la foule que quelques minutes avant de rejoindre les membres du gouvernement, des proches et des invités de marque à l’intérieur du Palais.

Il a tout de même eu le temps de confier à des journalistes qu’il avait été « ému », pendant sa descente des Champs-Elysées en « command car », en début de matinée, au souvenir de l’époque où, enfant, il allait voir le défilé du 14-Juillet et le général de Gaulle, juché sur les épaules de son grand-père.

Son épouse, Cécilia, de retour d’une mission humanitaire auprès des infirmières bulgares condamnées à mort en Libye, n’est apparue que le temps du discours du président et d’un intermède vocal de Petits chanteurs à la Croix de Bois.

La ministre de la Justice, Rachida Dati, dont le début de mandat est quelque peu chahuté, s’est au contraire attardée sur la pelouse de l’Elysée. Très entourée, souriante et élégante dans sa robe rouge, elle a longuement serré des mains, posé pour des photographes amateurs et enregistré les doléances d’invités.

La plupart des élus présents appartenaient à l’UMP. Il y avait cependant aussi quelques UDF-Modem, comme le député Jean Lassalle, et de rares socialistes, comme Didier Migaud, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Le chef de l’Etat devait assister dans la soirée à un concert gratuit sur le Champ-de-Mars, avec Michel Polnareff notamment. « Ce soir, peut-être qu’avec le Premier ministre on va enlever nos cravates », a-t-il plaisanté. Via ce concert, Nicolas Sarkozy entend « réconcilier la France avec la fête populaire », celle « où on peut venir en famille ».

Habitué des garden party, le ministre de l’Education Xavier Darcos voyait samedi une nette différence avec les années précédentes, citant « cette absence de formalisme, cette décontraction, ce naturel, cette jeunesse qu’apporte le couple présidentiel ». Reste que les invités l’auront peu vu, ce couple. Après avoir fait une apparition derrière son mari sur le perron, Cecilia Sarkozy a rapidement disparu dans les salons, alors que son époux s’adonnait à un court bain de foule.

Quant à la secrétaire d’Etat Rama Yade, elle était encore toute émue par le défilé militaire: « J’ai écrasé une larme » au moment de « La Marseillaise » et du « Chant des partisans », a-t-elle confié. Elle a salué l’ouverture de la garden party à des anonymes, y voyant « la part très humaine du sarkozysme ».

Esseulés au milieu de tout ce monde, l’ancien « nouveau philosophe » André Glucksmann et sa femme savouraient leur première garden-party à l’Elysée.

Egalement rallié à Nicolas Sarkozy après avoir flirté avec la gauche, le chanteur Enrico Macias était aux anges, bien qu’habitué des lieux.

Source: Emmanuel Jarry et Emile Picy (Reuters)

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