Dominique de Villepin est arrivé jeudi soir à 21h50 (heure de Tahiti) à l’aéroport de Tahiti-Faa’a pour des « vacances privées » avec sa femme et deux de ses enfants. Il a été accueilli par le sénateur UMP, Gaston Flosse, proche de Jacques Chirac.
« Je reste une dizaine de jours », a déclaré aux médias l’ancien Premier ministre à sa descente d’avion, soit jusqu’au 24 juillet.
Il sera donc à temps à Paris où il est convoqué le 27 juillet par les juges dans le cadre de l’affaire Clearstream.
La famille Villepin devrait séjourner à Bora Bora jusqu’au 18 juillet avant de rejoindre les Marquises et Moorea du 21 au 24 juillet. Dominique de Villepin ne devrait pas assister aux festivités officielles du 14 Juillet dans la capitale polynésienne.
D’autre part, le quotidien Libération publie aujourd’hui des extraits de l’audition du général Rondot. Entendu le 4 juillet 2007 par les juges de Clearstream, celui-ci a longuement commenté les notes inédites mises au jour dans son ordinateur, qualifiant d’ »insensée » la démarche de Jean-Louis Gergorin de transmettre en 2004 à la justice des listings Clearstream sur instruction, selon ce dernier, de M. de Villepin.
« Je savais que les listings étaient faux et que le juge Van Ruymbeke entreprenait une enquête sur des éléments dont j’avais découvert la fausseté », a-t-il affirmé.
« Je suis devant un fait accompli que je juge insensé. Tout cela m’échappe », explique l’ancien espion aux juges Jean-Marie d’Huy et Henri Pons qui le questionnent sur une note explosive, écrite en 2004, mettant en cause l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin.
Le général Rondot avait noté sur son ordinateur avoir appris le 4 mai 2004 de Jean-Louis Gergorin, ex-vice président d’EADS (le corbeau de l’affaire Clearstream) que ce dernier avait décidé, sur instruction de Dominique de Villepin, de « parler au juge Renaud Van Ruymbeke, des listings accusant des personnalités, dont Nicolas Sarkozy, de détenir des comptes occultes liés à la vente des frégates de Taïwan.
L’enquête du juge Van Ruymbeke démontrera que ces listings étaient des faux.
« C’est au cours de cet entretien qu’il m’a révélé, a posteriori, ses démarches auprès du juge Van Ruymbeke en déclarant avoir reçu, sur ce point, des instructions de Dominique de Villepin », explique notamment le général aux juges avant de leur faire part de sa colère et de son désarroi face à cette démarche.
« Je travaille sur cette affaire-là depuis novembre 2003 et je rédige cette note le 2 février 2004. Il s’est donc écoulé trois mois. Même si je ne m’étais pas attaché particulièrement aux vérifications (…) tout cela m’apparaissait fumeux », explique le général dans l’audition du 4 juillet 2007.
Entendu le 26 juin 2007, le général indique avoir su que les listings étaient faux lorsque Gergorin a pris contact avec le juge Van Ruymbeke le 28 avril 2004 avant d’adresser au magistrat un premier courrier anonyme le 3 mai 2004.
« M. de Villepin ne m’avait jamais demandé le 9 janvier (en 2004 lors d’une réunion au Quai d’Orsay, ndlr) de me prêter à une manipulation et encore moins de cibler des hommes politiques. S’il y avait eu montage, et que M. de Villepin en avait été à l’origine – ce que je ne peux imaginer -, il ne m’aurait pas demandé de vérifier l’authenticité des listings« , souligne le général
L’officier explique avoir été furieux en apprenant l’envoi par Gergorin des listings au juge pour deux raisons:
« D’une part il ne m’avait pas prévenu et d’autre part je constatais que, après m’avoir instrumentalisé, il allait instrumentaliser la justice, ce qui est grave (…) j’imagine que, faute d’avoir pu obtenir de moi les résultats qu’il escomptait, il avait proposé au ministre d’aller plus loin en frappant plus haut », explique le général.
« Je me sens totalement dépassé par les évènements. Je pense que j’ai eu une réaction d’abattement car on embarquait la justice après moi. Je n’appelle personne. Je suis sous le choc. Je suis abattu. Je suis devant un fait accompli que je juge insensé. Tout cela m’échappe », conclut-il
Sources: Associated Press et Agence France Presse