« Face aux allégations mensongères de ces derniers jours et conformément à ce qu’il a indiqué devant les juges en décembre 2006, Dominique de Villepin rappelle qu’il n’a pas cherché à enquêter ni compromettre aucune personnalité politique dans l’affaire Clearstream.
Par ailleurs, il précise qu’il n’a jamais eu de contact informatique de quelque sorte que ce soit avec aucun des protagonistes de ce dossier.
Dominique de Villepin déplore profondément d’apprendre par la presse des accusations infondées alors que, simple témoin dans cette affaire, il ne peut utilement s’en défendre, n’ayant pas d’accès au dossier.
Pour sortir de cette situation inadmissible, il souhaite maintenant disposer du statut de témoin assisté pour pouvoir bénéficier, comme tout citoyen, du droit de se défendre et faire valoir la vérité ».
Interview d’Olivier Toscer, journaliste au Nouvel Observateur
Les notes trouvées dans l’ordinateur du général Rondot, qui mettent en cause Dominique de Villepin, constituent-elles un élément nouveau de l’affaire Clearstream, ou ne font-elles que confirmer ce que l’on savait déjà ?
- C’est nouveau, parce que c’est la première fois que des notes de Rondot montrent une implication directe de Dominique de Villepin, le décrivant comme le deus ex machina de cette affaire. D’après ces notes, l’ancien Premier ministre sait que ce qui est reproché à Nicolas Sarkozy est faux, mais il trouve « jubilatoire », selon l’impression qu’il donne à ses interlocuteurs, de le « balancer ». Utiliser cette expression, si elle est vraiment de lui, montre que son intention est de gêner Sarkozy. De la même manière, c’est la première fois que Jacques Chirac est cité comme ayant donné des instructions précises visant à nuire à Nicolas Sarkozy.
Quel crédit faut-il accorder à ces notes ? Le général Rondot ne fait que répéter ce que d’autres personnes lui ont dit…
- La crédibilité de ces notes est largement sujette à caution. Ce n’est pas Rondot qui entend Dominique de Villepin tenir ces propos. Il retranscrit des conversations qu’auraient eues Gergorin et Lahoud. Or ces deux personnes ont montré, tout au long du dossier, un degré élevé de mythomanie! Ce n’est pas parce que Lahoud et Gergorin racontent des fables qu’il faut les croire. Cette histoire de notes, c’est en fait une tempête dans un verre d’eau. Je remarque surtout que les fuites de l’affaire Clearstream sont toujours dirigées contre Villepin, et transmises à la presse par l’entourage de Sarkozy. Cela montre que Sarkozy n’a pas l’intention de laisser tomber: il reste persuadé que Villepin est derrière tout ça, et veut le punir, au moins médiatiquement, même s’il a déjà largement gagné son duel avec lui. C’est dans la nature de l’homme, dans ses méthodes. Il ne lâche rien et s’acharnera sur Villepin même si celui-ci est à terre.
Que risque Dominique de Villepin?
- Dominique de Villepin sera sûrement réentendu par les juges, qui pourraient éventuellement lui reprocher une « complicité de dénonciation calomnieuse ». Mais les juges ne disposent que des notes de Rondot, qui ne sont pas des preuves. De toute façon, l’affaire Clearstream n’est pas judiciaire, contrairement à ce que veut faire croire l’entourage de Nicolas Sarkozy. Elle est médiatique, et fera plus de dégâts politiques que judiciaires.
Propos recueillis par Cécile Maillard (Nouvel Observateur)