L’ancien chef de l’État s’est installé dans ses nouveaux bureaux, à Paris. Les objets d’arts premiers n’ont pas encore tous trouvé leur place, et le portrait de Georges Pompidou attend encore d’être installé. Le « bureau du président Jacques Chirac » sent encore la peinture, et les cartons n’ont pas tous été déballés. Mais les collaborateurs de l’ancien chef de l’État ont déjà pris possession des lieux, un appartement élégant, au deuxième étage d’un bel immeuble ancien du 119, rue de Lille. À deux pas de l’ancien siège du RPR et de l’Assemblée nationale, avec vue sur le boulevard Saint-Germain.
Mis à sa disposition par le Secrétariat général du gouvernement, ces bureaux sont situés dans un bâtiment appartenant à la Fondation Grancher, qui s’occupe de jeunes en difficulté. Rentré jeudi dernier de ses vacances au Maroc, l’ancien président est venu voir son équipe dès le lendemain matin. « Il est rentré, il est au travail », assurent ses proches. Jacques Chirac doit « inventer quelque chose de nouveau, définir le rôle d’un ancien président qui soit à la fois très actif et à sa place », ajoute un de ses fidèles, « respectueux des prérogatives de son successeur ».
C’est une lettre de Laurent Fabius, alors premier ministre, à Valéry Giscard d’Estaing qui, en 1985, a codifié le cadre d’action des ex-présidents de la République. Ils ont désormais droit à plusieurs collaborateurs dont le traitement est pris en charge par l’État : un fonctionnaire de catégorie A (la plus élevée), trois fonctionnaires de catégorie indéterminée, trois secrétaires et deux chauffeurs. Ancien préfet de la région Ile-de-France, Bertrand Landrieu, qui fut son directeur de cabinet pendant le premier mandat, dirige l’équipe qui comprend des anciens de l’Élysée, Hugues Renson (affaires intérieures) et Bénédicte Brissart (communication, presse), plus les trois secrétaires. Le conseiller diplomatique, Alain Sortais, exerçait les mêmes fonctions auprès de Jean-Louis Debré à la présidence de l’Assemblée.
Jacques Chirac a voulu caler les choses « au plus juste de ce à quoi a droit un ancien président, souligne Bertrand Landrieu. Il distinguera clairement ses activités pour qu’il n’y ait pas de confusion ». Car désormais, l’ex-chef de l’État partagera son temps entre la rue de Lille, le Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit et où il compte se montrer « assidu », et sa Fondation pour le développement durable et le dialogue des cultures. Une association de préfiguration – avec Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, Jean-Pierre Lafon, ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, et Valérie Terranova, ancienne conseillère à l’Élysée – en prépare le lancement à l’automne, avec l’appui de Marc Ladreit de Lacharrière. L’idée n’est pas d’en faire une enceinte pour de grands discours, mais de « conduire des projets très concrets, en partenariat avec les ONG et les entreprises ».
Dans l’immédiat, Jacques Chirac se prépare à affronter une autre épreuve, liée aux affaires, au moment où il redevient un justiciable comme les autres. « Il a demandé à son avocat, Me Jean Veil, de prendre contact avec les magistrats en charge des dossiers dans lesquels il aurait été mis en cause, pour les informer que, dans le respect de la Constitution, il était à leur disposition pour répondre aux questions qui lui seraient utilement posées », annonce son entourage, pour qui il s’agit d’une démarche « volontaire, sereine et directe ». Les magistrats en question seraient les juges Xavière Siméoni et Alain Philibeaux, en charge des dossiers des emplois fictifs.
Jacques Chirac prépare aussi la rédaction d’un ouvrage dans lequel il délivrera « des messages pour le présent et pour l’avenir ». Ce sera « un vrai travail personnel », assurent ses proches, pas un livre de « petites histoires ».
Source: Le Figaro