A vingt jours du premier tour de la présidentielle, Dominique de Villepin a tenu, à Matignon, sa vingtième et dernière conférence de presse mensuelle. Lors de ce rendez-vous, fixé par le Premier ministre à son arrivée au pouvoir, en juin 2005, le chef de gouvernement a tenté de dresser un bilan et donner quelques perspectives sur les grands enjeux des mois à venir. Tour d’horizon…
EMPLOI
Les statistiques sur le nombre de demandeurs d’emploi sont « les chiffres de l’Insee, confirmés par l’OCDE », a déclaré Dominique de Villepin en réponse à la polémique sur la réalité de l’ampleur de la baisse du chômage. « Au lieu de polémiquer sur les chiffres, essayons plutôt de faire baisser davantage le chômage et de créer davantage d’emplois de qualité dans notre pays« , a-t-il souligné.
L’office statistique européen Eurostat a révisé le taux de chômage moyen sur l’ensemble de l’année 2006 en France à 9,4% contre 9% selon l’estimation précédente. Pour février, Eurostat évalue à 8,8% le taux de chômage, contre 8,4% annoncé par l’Insee jeudi.
FINANCES PUBLIQUES
Dominique de Villepin a indiqué miser sur « un chiffre de 2,3% » de déficit public pour 2007, ce qui rapprochera la France « des pays les plus vertueux en Europe ». « Notre endettement public a lui aussi reculé rapidement. Il pourra passer cette année sous les 63% du PIB », a-t-il également affirmé.
SUEZ-GAZ DE FRANCE
Interrogé sur la fusion entre Suez et Gaz de France toujours en « stand-by », le Premier ministre Dominique de Villepin a rappelé l’intérêt pour la France d’une « grande entreprise du domaine de l’énergie« . De son côté, Thierry Breton s’est donc employé à rassurer sur l’ouverture totale des marchés de l’électricité et du gaz à la concurrence, pour laquelle les décrets d’application seront pris à temps, c’est-à-dire avant le 1er juillet. En revanche, il n’a pas précisé si le décret qui autorisait la privatisation de Gaz de France serait signé au cours des semaines à venir.
PRESIDENTIELLE
Dominique de Villepin a réaffirmé qu’il se tenait aux côtés de Nicolas Sarkozy, le candidat UMP à la présidentielle étant selon lui le « mieux à même » de réformer la France. Les Français « demandent des choix courageux et modernes. (…) Je suis convaincu que le candidat de notre famille est aujourd’hui le mieux à même de porter ces choix », a dit le Premier ministre. « Je suis à ses côtés », a-t-il ajouté, « pour défendre la vision d’un pays qui poursuit rassemblé dans la voie du changement ».
Dominique de Villepin a par ailleurs affirmé que « rien ne serait pire » pour la France « que de revenir en arrière, comme le propose aujourd’hui le Parti socialiste ». « Les Français demandent des choix courageux et modernes, ils veulent renouer avec l’esprit pionnier de la France. Il est temps que notre pays retrouve cette audace qui a impressionné les autres peuples du monde et qui a toujours fait notre force« , a déclaré le Premier ministre.
Soulignant que l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne « se sont engagés dans la voie de réformes courageuses », il a estimé que la France devait elle aussi « franchir ce pas ». « Sachons regarder la réalité en face, il ne sert à rien de refuser de voir la mondialisation. Nous ne dresserons pas des barrières entre le monde et nous: ce n’est pas possible, ce n’est de l’intérêt de personne« , a-t-il dit.
VIEME REPUBLIQUE
Dominique de Villepin s’est opposé à la récente proposition de la candidate socialiste Ségolène Royal de créer une « VIè République ». « Les institutions de la Vè République me paraissent répondre parfaitement aux impératifs de la décision publique. Ce n’est pas la République qu’il faut transformer, ce sont les blocages de la société française qu’il faut lever« , a-t-il affirmé.
« Ne nous plaignons pas des institutions, c’est en général la volonté qui fait défaut plus que les instruments« , a-t-il poursuivi.
MESSAGE AU PROCHAIN GOUVERNEMENT
Le prochain gouvernement devra apporter aux Français « de l’action et des résultats », a affirmé le Premier ministre Dominique de Villepin. Selon lui, « le rythme de l’action publique a changé » du fait de l’instauration du quinquennat : « Les résultats doivent venir vite, les changements doivent être perceptibles rapidement« .
« Tout ce qui concerne l’emploi, la compétitivité de nos entreprises et le pouvoir d’achat des Français me paraît prioritaire », a-t-il ajouté. « Ce qui a été entrepris doit être poursuivi« , a-t-il poursuivi: « Ne perdons pas de temps à détruire ce qui marche, par idéologie ou par volonté de faire autrement. Soyons capables de garder les outils et les réformes qui ont apporté la preuve de leur efficacité pour nous consacrer à de nouveaux chantiers« .
Il a encore estimé que le changement de gouvernement ne devait pas « se traduire par une perte de temps pour les Français ». Le chef du gouvernement a ainsi rappelé avoir donné pour instruction aux ministres de transmettre à leurs successeurs « tous les éléments nécessaires à une prise de décision efficace et juste ».
IMMIGRATION
Dominique de Villepin a déclaré qu’il n’était « pas tout à fait d’accord » avec Nicolas Sarkozy sur la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, indiquant qu’il préférait la naissance d’une « Agence de l’immigration ».
« Moi, je dois dire clairement que quand le débat a été posé, je n’étais pas pour ma part favorable à la création d’un ministère en tant que tel et la proposition de Nicolas Sarkozy qui déjà, à cette époque, se prononçait pour un ministère à part entière, eh bien nous n’étions pas de ce point de vue-là tout à fait d’accord », a déclaré le Premier ministre.
« S’il faut aller plus loin, j’aurais tendance à préconiser plutôt une Agence de l’immigration comme cela existe dans d’autres pays, car je crois que le fait de placer techniquement cette question dans un cadre interministériel est une bonne chose » a ajouté Dominique de Villepin, même s’il reste « convaincu » que le ministère de l’Intérieur doit avoir « une vocation de coordination dans ce domaine ».
Source: Les Echos