François Baroin a été nommé ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, en remplacement de Nicolas Sarkozy, a annoncé lundi l’Elysée.
L’actuel ministre délégué à la Famille Philippe Bas remplace Xavier Bertrand au poste de ministre de la Santé et des solidarités.
Hervé Mariton, Président du Club Réforme et Modernité, est nommé quant à lui ministre de l’Outre-Mer, poste qu’occupait jusque-là François Baroin.
Le portrait des trois promus.
François Baroin: un chiraquien ‘ »sarko-compatible »
Avec François Baroin, c’est un chiraquien du premier cercle et « sarko-compatible » qui succède pour un mois à Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Le ministre de l’Outre-Mer avait déjà assuré en 2004 l’intérim à l’UMP après le départ d’Alain Juppé et avant l’élection de Nicolas Sarkozy.
A 41 ans, le benjamin du gouvernement, au visage juvénile à la Harry Potter, a déjà une longue carrière derrière lui. Elu pour la première fois député de l’Aube en mars 1993, il s’empare deux ans plus tard de la mairie de Troyes. A 29 ans, il est nommé porte-parole du gouvernement d’Alain Juppé.
François Baroin entretient des liens quasi-filiaux avec Jacques Chirac depuis la double disparition tragique de son père, Michel Baroin, PDG de la GMF, de la FNAC et Grand Maître du Grand Orient de France, décédé le 4 février 1987 dans un accident d’avion au Cameroun, et de sa soeur.
En 1992, c’est Jacques Chirac qui convainc le jeune homme de s’engager en politique. Auparavant, alors qu’il était étudiant, ce titulaire d’un DESS de techniques de l’information et de la communication avait travaillé dans le cabinet d’Edgar Faure pour préparer le bicentenaire de la Révolution française (1987-1988). Il a ensuite été journaliste politique à Europe-1 pendant quatre ans.
Evincé du gouvernement en novembre 1995, en même temps que les « juppettes », François Baroin gravit les échelons du RPR, en tant que secrétaire national chargé de la culture et de la communication, puis aux PME-PMI, puis chargé de la réforme et de l’organisation des pouvoirs publics. Il est élu vice-président de l’Assemblée nationale en juin 2002.
Engagé dans le projet de parti unique de la droite, qui donnera naissance à l’UMP en 2002, le député-maire de Troyes devient logiquement porte-parole du nouveau parti présidé par Alain Juppé.
Mais il doit se résoudre à voir M. Juppé passer la main en juillet 2004 après sa condamnation par la justice. Fidèle de l’ancien Premier ministre, François Baroin, promu secrétaire général délégué en avril 2004, tente d’organiser « un dispositif de soutien et d’amitié » en sa faveur.
François Baroin fait son retour au gouvernement comme ministre de l’Outre-Mer après l’échec du référendum du 29 mai 2005. Il a su se faire apprécier dans ce ministère régalien, où il a géré plusieurs crises comme l’accident d’avion du 16 août 2005 qui endeuille la Martinique ou le chikungunya à La Réunion.
Ce père de trois enfants, qui a récemment attiré l’attention des paparazzi en s’affichant avec la journaliste Marie Drucker, est aujourd’hui considéré comme une des étoiles montantes de la droite. La relève de Jacques Chirac?
Philippe Bas promu Ministre de la Santé
Après avoir succédé à Dominique de Villepin au poste de secrétaire général de l’Elysée puis l’avoir suivi au gouvernement, le très discret Philippe Bas a été promu lundi ministre de la Santé et des solidarités, après le départ du gouvernement de Xavier Bertrand.
Ancien conseiller social de Jacques Chirac, M. Bas avait fait son entrée au gouvernement en juin 2005, au poste de ministre délégué à la Sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille. Jusque-là inconnu du grand public, ce haut fonctionnaire est un spécialiste des questions sociales, de sensibilité centriste.
Né le 20 juillet 1958 à Paris, il s’est formé à Sciences Po, puis à l’Ecole nationale d’administration (promotion Louise Michel, 1984). Titulaire d’une licence de droit, il entame sa carrière au Conseil d’Etat, avant de rentrer en tant que conseiller technique au cabinet de Jean-Pierre Soisson, ministre du Travail, de 1988 à 1989.
Après trois années passées auprès du président sénégalais Abdou Diouf en tant que conseiller juridique, Philippe Bas travaille de 1994 à 1995 avec Simone Veil, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement d’Edouard Balladur. De 1995 à 1997, il occupe le poste de directeur de cabinet de Jacques Barrot, ministre du travail d’Alain Juppé.
Avec la cohabitation, il fait son entrée à l’Elysée en tant que conseiller social, poste qu’il occupera jusqu’en 2000. Il est alors nommé secrétaire général adjoint, aux côtés d’un certain Dominique de Villepin.
Il lui succédera au poste de secrétaire général quand ce dernier entre au gouvernement comme ministre des Affaires étrangères.
Au gouvernement depuis 2005, Philippe Bas a notamment défendu un projet de loi réformant la protection de l’enfance, destiné à mieux repérer les enfants en difficulté et à mieux les accompagner. Son « plan pour la petite enfance » prévoyait également la création d’ici 2011 de 40.000 places de crèche supplémentaires et le recrutement de 60.000 assistantes maternelles.
Le ministre délégué a aussi présenté en juin 2006 un plan de 2,3 milliards d’euros sur cinq ans pour lutter contre la dépendance et améliorer la prise en charge des personnes âgées.
Hervé Mariton: un fidèle de Dominique de Villepin nommé Ministre de l’Outre-Mer
Nommé lundi ministre de l’Outre-mer pour assurer l’intérim jusqu’à l’élection présidentielle, Hervé Mariton, 48 ans, est un fidèle de Dominique de Villepin.
Le député UMP de la Drôme s’est signalé depuis 2002 par son travail acharné et son soutien indéfectible aux gouvernements de Jean-Pierre Raffarin puis de Dominique de Villepin.
Ce polytechnicien né le 5 novembre 1958 à Alger, fils d’ancien militaire rapatrié à Montélimar en 1962, est entré en politique dans les années 1980 au sein de la « bande à Léo », les amis de François Léotard.
Haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie, il est élu conseiller régional de Rhône-Alpes en 1986, puis député de la Drôme lors de la vague bleue de 1993 et maire de Crest en 1995. Battu en 1997, il retrouve cinq ans plus tard son siège de député.
Ce libéral aux convictions bien ancrées à droite n’a pas hésité à soutenir Charles Millon lors de son élection avec les voix du Front national à la présidence de Rhône-Alpes en 1998. La même année, il se présente contre François Bayrou pour la présidence de l’UDF et quitte dans la foulée le parti centriste pour Démocratie libérale, le parti d’Alain Madelin.
En 2002, Hervé Mariton rallie Jacques Chirac avec la plupart des membres de DL. Vice-président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, membre de la commission des Finances et de 23 groupes d’études, de la trufficulture aux appellations d’origine en passant par le Tibet, et de huit groupes d’amitié, il se signale par son hyperactivité et sa disponibilité permanente pour les journalistes.
Depuis 2005, Hervé Mariton faisait partie de la poignée de députés villepinistes qui défendait le Premier ministre contre vents et marées dans un groupe de plus en plus sarkozyste. Fondateur du Club Réforme et modernité, ce partisan d’une « droite libérale, pragmatique » est aujourd’hui récompensé par une entrée au gouvernement, où il doit assurer l’intérim de François Baroin, promu ministre de l’Intérieur.
Source: Associated Press