Le Premier ministre Dominique de Villepin, grand amateur de lecture, a inauguré avec un plaisir manifeste le Salon du livre à Paris jeudi, à la veille de l’ouverture au public de la manifestation avec l’Inde pour invitée d’honneur, au terme d’une année plutôt morose pour le secteur en France.
Le premier ministre s’est arrêté dans une vingtaine de stands en près d’1h30, alternant grandes maisons et éditeurs littéraires plus confidentiels. Tous lui ont offert des ouvrages. Il n’en a refusé qu’un, un manuel de maths de classe de 4e. « C’est un peu au-delà de ma compétence », a-t-il souri.
Ailleurs, il s’est saisi de lui-même d’un « Guide pour réussir ses changements professionnels« , commentant: « Cela va me servir ».
Dans un tumulte bien éloigné de celui de la campagne électorale, il a félicité une « éditrice indépendante ». « Moi », lui a-t-il confié, « je suis pour l’indépendance en tout! »
Le chef du gouvernement s’est arrêté plus longuement devant certains stands, s’émerveillant d’une édition rare de l’auteur allemand Paul Celan, ou faisant partager son admiration pour la romancière Zoé Valdes.
Dans une manifestation où il comptait de nombreuses connaissances personnelles, le Premier ministre a, enfin, éludé toutes les questions sur le livre qu’il écrit actuellement dans le secret de Matignon.
La 27è édition du salon est réduite à cinq jours (23-27 mars), contre six les années précédentes, mais deux nocturnes jusqu’à 22H00 sont programmées, les vendredi et mardi, pour prolonger l’accès des visiteurs.
Grand rendez-vous des amoureux du livre, le Salon accueille chaque année quelque 2.000 auteurs, français et étrangers, pour des rencontres et séances de dédicaces, qui constituent l’attraction préférée du public. Outre les habitués du salon (comme Marc Levy ou Amélie Nothomb), Fred Vargas, Emmanuel Carrère et l’Américain Harlan Coben sont cette année annoncés.
Après le forfait de la Corée du Sud, d’abord pressentie comme invitée, le choix s’est fixé sur l’Inde en septembre. La rapidité avec laquelle l’édition indienne a su répondre à l’invitation témoigne de son professionnalisme et du dynamisme d’une littérature à l’image de l’Inde moderne.
« Ses auteurs habitent partout, s’expriment partout, publient partout, et le monde entier commence enfin à s’intéresser à cet immense réservoir de talents« , souligne Dominique Vitalyos, conseillère du Centre national du livre (CNL).
Trente écrivains indiens, invités officiels du salon, participeront pendant cinq jours à des rencontres sur tous les aspects de la littérature indienne. Vikram Seth, auteur phare de la nouvelle génération indienne, Tarun Tejpal, mais aussi les romancières Abha Dawesar et Shashi Deshpande, seront présents.
Un concours « A la découverte de l’Inde » a été lancé auprès des lecteurs pour décerner le prix « Grand public Salon du livre » parmi 15 livres sélectionnés.
Autre nouveauté 2007, une « terrasse politique » sera le lieu des débats sur tous les sujets de société qui animent la campagne présidentielle. Mais les visiteurs retrouveront également leurs lieux de rendez-vous habituels : Carré des arts, Club jeunesse ou Espace BD.
Organisé par le Syndicat national du livre (SNE), le salon ouvre ses portes après une année 2006 marquée, selon le magazine professionnel Livres Hebdo, par une baisse de 1,5% du chiffre d’affaires des ventes de livres au détail en France. Soit le plus mauvais résultat du secteur depuis 15 ans.
La production a en revanche connu un nouveau bond, avec 58.000 nouveaux titres, soit 8,5% de plus que l’année précédente.
En 2006, la fréquentation du salon avait été en hausse de 5,4% par rapport à l’année précédente, avec 174.000 visiteurs (dont 54.000 entrées payantes).
Source: Dominique Chabrol (AFP)