Quatre présidents socialistes de région reçus vendredi par Dominique de Villepin ont tenté de convaincre le Premier ministre du rôle que pourraient jouer leurs collectivités dans la relance d’Airbus, et l’ont alerté sur le risque de délocalisation de la sous-traitance. Interrogé sur la volonté des régions d’entrer au capital de l’avionneur européen, M. de Villepin a préféré leur proposer « des pistes d’action plus immédiatement opérationnelles ».
Il a réaffirmé que l’Etat, en revanche, était prêt à « participer, avec les autres actionnaires, à toute augmentation de capital qui sera jugée nécessaire par l’entreprise« .
Les socialistes Alain Rousset (Aquitaine), Martin Malvy (Midi-Pyrénées), Jacques Auxiette (Pays de la Loire) et Claude Gewerc (Picardie) étaient accompagnés à Matignon de « représentants » des régions Centre, Ile-de-France, PACA et Poitou-Charentes -dont la présidente est la candidate socialiste à l’Elysée Ségolène Royal.
Les huit régions ont besoin d’une autorisation de l’Etat pour prendre une participation dans l’entreprise.
Vendredi, le chef du gouvernement leur a répondu en évoquant « les contraintes législatives qui régissent d’éventuelles prises de participation par des collectivités territoriales ».
Selon un communiqué, il a « proposé des pistes d’action plus immédiatement opérationnelles, notamment en matière de recherche-développement, d’infrastructures et de formation professionnelle« .
« On a compris que le Premier ministre ne nous orientait pas dans ce sens, mais qu’il n’y a pas de refus de sa part, et que si les régions prenaient une délibération commune, les choses pourraient se débloquer », a déclaré après l’entrevue Alain Rousset.
M. Rousset a également insisté sur « la nécessité de structurer la sous-traitance » de l’avionneur, afin d’éviter « la cannibalisation des fonds de pension et la délocalisation ».
Martin Malvy a estimé pour sa part que le plan de restructuration d’Airbus, avec ce qu’il implique de pression sur les coûts de la sous-traitance, « crée des conditions de délocalisation extrêmement fortes« .
Les régions sont prêtes à aider Airbus, a-t-il souligné, « à condition qu’Airbus nous donne des garanties sur l’avenir des sites et sur la stratégie industrielle, ce que nous n’avons pas aujourd’hui ».
Les présidents de région ont aussi mis en cause le manque, selon eux, d’une culture d’action commune des régions et de l’Etat en faveur du développement industriel.
Citant en comparaison l’exemple de l’Allemagne, ils ont aussi jugé insuffisante l’annonce par le gouvernement d’avances remboursables de 80 millions d’euros et d’un plan de 100 millions d’euros pour le développement des matériaux composites.
« On a proposé à l’Etat de jouer 50-50 sur tous ces projets », a affirmé Alain Rousset. « On est disponible. On souhaite qu’un contrat soit passé entre l’Etat, les régions et l’Europe dans ce domaine-là . Mais on souhaite qu’Airbus aussi prenne ses responsabilités« .
Les quatre élus ont ainsi jugé « impensable » que le site de Méaulte (Somme), qui doit être cédé à un sous-traitant, ne reste pas dans les actifs d’Airbus.
Source: Agence France Presse