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Pour ses cent derniers jours à Matignon, Villepin a un agenda économique très chargé

D’ici au premier tour de l’élection présidentielle, le 22 avril, le Premier ministre compte rester très présent sur la scène politique. A défaut de nouvelles initiatives législatives, il va continuer de travailler sur des sujets très grand public, comme les salaires, la consommation ou les retraites.

Cent jours. Il ne reste qu’un peu plus de trois mois à Dominique de Villepin, d’ici au premier tour de l’élection présidentielle, pour « être utile ». Le Premier ministre n’a de cesse de répéter qu’il travaillera « jusqu’au bout », marquant sa volonté d’exister aussi longtemps que possible face au très probable candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy. Or, l’agenda législatif ne lui laisse plus beaucoup d’occasions d’intervenir. Le Parlement, qui fera sa rentrée lundi prochain, n’a que sept semaines de session devant lui avec, pour l’essentiel, l’examen de trois textes sur les tutelles, la protection de l’enfance et la défense des consommateurs, ce dernier devant instaurer un système d’actions collectives, sur le modèle des « class actions » américaines. Députés et sénateurs débattront aussi de deux projets de loi constitutionnelle sur le corps électoral en Nouvelle-Calédonie et le statut pénal du chef de l’Etat, lesquels nécessiteront la réunion du Congrès à Versailles, fin février.

En conséquence, c’est sur un autre registre que Dominique de Villepin va continuer de faire entendre sa petite musique. En essayant de faire vivre des débats très grand public et d’obliger les candidats à la présidentielle à se positionner.

Ainsi, pour donner suite à la conférence sur l’emploi et les revenus qui s’est tenue mi-décembre à Matignon, le chef du gouvernement souhaite-t-il donner un « coup d’accélérateur » aux négociations salariales dans les branches professionnelles : des réunions sont prévues fin janvier avec les partenaires sociaux au ministère de l’Emploi. Avant la fin du premier trimestre, il recevra deux rapports sur des sujets particulièrement sensibles : l’un du Conseil d’orientation de l’emploi sur l’allégement du coût du travail et le financement de la protection sociale, l’autre du Conseil d’analyse économique sur le temps de travail et le coût des heures supplémentaires, alors que Nicolas Sarkozy propose de supprimer 100 % des charges sur ces dernières.

Le pouvoir d’achat, qui apparaît d’ores et déjà comme l’un des grands thèmes électoraux, sera abordé sous l’angle des indicateurs. Dès cette semaine, des groupes de travail doivent se réunir à Bercy pour plancher, avec l’Insee, sur de nouvelles mesures des prix et des dépenses des Français. Une conférence sur le niveau des retraites, et en particulier les petites pensions, devait aussi intervenir courant janvier, comme l’avait annoncé le ministre délégué à la Sécurité sociale, Philippe Bas. Mais un débat divise actuellement le gouvernement sur l’opportunité d’un tel rendez-vous. Les retraites seront de toute façon abordées avec la remise, le 10 janvier, du rapport du Conseil d’orientation des retraites sur la préparation du « rendez-vous » de 2008 imposé par la loi Fillon. Il comprendra notamment la nécessité d’aborder la réforme des régimes spéciaux à cette échéance. Un autre rapport doit être remis fin janvier sur le financement de la dépendance, enjeu incontournable de l’après-2007.

Les prochaines semaines verront par ailleurs se succéder de nombreux rendez-vous de politique économique. D’abord une conférence des finances publiques (première quinzaine de février) au cours de laquelle sera confirmé l’objectif, pour 2010, de réduire à zéro le déficit de l’Etat et de ramener le taux d’endettement public en deçà de 60 % du PIB. Y sera dévoilé le premier rapport annuel des comptes de l’Etat, un document soumis à la certification de la Cour des comptes. Puis une conférence sur la croissance potentielle de la France (début mars), qui pourrait être couplée à la traditionnelle réunion de la Commission économique de la nation. Enfin, la remise d’un rapport (mi-mars) sur la mise en place de la retenue à la source pour l’impôt sur le revenu. Autant de sujets susceptibles d’animer le débat électoral. Telle est bien l’intention de Dominique de Villepin.

Source: Guillaume Delacroix et Etienne Lefebvre (Les Echos)

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