Les sarkozystes reprochent à Dominique de Villepin de s’emparer des thèmes du candidat UMP pour les dénaturer. Evidemment, c’est impossible à dire. Comment les sarkozystes pourraient-ils reprocher à Dominique de Villepin « d’agir jusqu’au dernier jour », sans fragiliser leur candidat qui n’a cessé de dénoncer l’immobilisme en politique ?
Pas un mot donc, mais en coulisse les dents grincent et les communiqués de soutien se font rare.
L’UMP et bon nombre de députés sarkozystes ne supportent plus l’activisme du Premier ministre, persuadés que celui-ci n’a en fait qu’un seul objectif : gêner la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. D’abord, il y a le coût des mesures annoncées : les emplois familiaux hier, après les mesures aux sous-traitants d’Airbus, aux sous-traitants automobiles, « cela commence à faire beaucoup et pèsera évidemment sur l’après-élection », s’inquiète- t-on à la commission des Finances de l’Assemblée.
Plus profondément, l’UMP accuse Dominique de Villepin de se saisir de tous les thèmes de la campagne de l’UMP – pouvoir d’achat, revalorisation du travail, logement, dialogue social -, de les traiter « à la va-vite », afin de désamorcer tout « effet » Sarkozy. « Il prend nos idées de réforme, nos mots, mais tronque le débat, annonce des mesures a minima et au final banalise notre programme », s’indigne un député UMP, en visant notamment la conférence des revenus d’hier, les annonces sur la fiscalité écologique et les réformes, il est vrai très allégées, du dialogue social et de la justice. « Tout cela ne nous facilitera pas la tâche », glisse François Fillon, chargé du projet à l’UMP.
Le texte actuel sur le dialogue social (la première lecture vient d’être achevée à l’Assemblée) impose ainsi que toute modification du droit du travail soit soumise en préalable aux organisations paritaires, ce qui n’aidera guère Nicolas Sarkozy à mettre en oeuvre, s’il est élu, sa théorie, selon laquelle l’essentiel des décisions doivent être prises dans les cent premiers jours d’un gouvernement. Ce travail de « banalisation » se double d’une critique implicite permanente, Dominique de Villepin s’attachant à souligner, par petites touches, que Nicolas Sarkozy est l’apôtre d’une « politique pour les riches ».
Alors que le président de l’UMP plaide pour « l’accession à la propriété pour tous », le Premier ministre met ostensiblement l’accent sur les garanties pour les locataires ; alors qu’il défend la quasi-suppression des droits de succession, le chef du gouvernement lance sa mesure « emplois familiaux » pour les ménages non imposés. Tout cela, au moment où Nicolas Sarkozy tente justement, non sans difficulté, de corriger son image en multipliant les promesses sociales.
Source: Cécile Cornudet (Les Echos)