Dominique de Villepin a profité vendredi d’une rencontre avec des jeunes pour redire son opposition au service civil obligatoire et à la discrimination positive, défendus par l’UMP et son président, Nicolas Sarkozy, dans la perspective de 2007.
Le Premier ministre a reçu à déjeuner à Matignon plus de 100 jeunes engagés dans des associations de solidarité, luttant notamment contre les discriminations.
Alors que l’UMP propose, dans son projet législatif, la création d’un service civique de six mois, M. de Villepin a de nouveau fait valoir sa position en estimant qu’on peut « considérablement renforcer l’incitation et la reconnaissance » de cet engagement sans pour autant le rendre « obligatoire ».
Rebondissant sur les déclarations de Karima, une jeune de 25 ans qui a fait neuf mois de service civil et qui, « à titre personnel », juge « important que ce soit un choix et pas une obligation« , il a dit: « dans les sociétés modernes, tout ce qui est choisi est plus fort que ce qui est imposé« .
Il a argué que, « sur le plan juridique, financier et organisationnel », une telle obligation pour 800.000 jeunes serait « très complexe » tout en s’interrogeant sur « ce que cela donnerait en termes de résultats ».
« Rien ne serait pire que d’avoir des jeunes utilisés dans les placards comme l’ont été hier de jeunes recrues utilisées à laver les latrines » pendant leur service militaire, a lancé M. de Villepin, qui s’est aussi interrogé sur le sort réservé aux réfractaires. « Personne n’imaginerait qu’on les mette au trou », a-t-il lancé.
Hostile à la discrimination positive, un thème cher à M. Sarkozy, M. de Villepin a été interpellé un peu plus tard par Nicole, une jeune Noire qui, n’arrivant pas à trouver d’emploi malgré ses diplômes, lui a lancé: « je suis pour la discrimination positive ».
Cela reviendrait à « présélectionner des personnes en fonction de leur race, de leur sexe, sur une base qui rompt avec l’égalité républicaine« , lui a rétorqué M. de Villepin.
Affirmant que le choix de Sciences-Po de réserver un certain nombre de places à des élèves issus des quartiers difficiles ne relevait pas de la discrimination positive, il a mis en garde contre la remise en cause de « la République universelle » par « petites transformations, petites dérogations« .
Sur un ton plus humoristique, Dominique de Villepin a également confié qu’il n’était « pas le premier » de sa promotion à l’Ena, pas plus que sa condisciple Ségolène Royal, ce qui n’a pas empêché cette dernière, a-t-il souligné, d’être « candidate du Parti socialiste ».
« On voit des élèves qui battent leur coulpe à la sortie d’une grande école ou d’un concours parce qu’ils sont 48e ou 98e de leur promotion alors qu’ils seront peut-être plus tard les premiers« , a déclaré le Premier ministre.
« Moi, je n’étais pas le premier de ma promotion de l’Ena et je suis Premier ministre. Ségolène Royal n’était certainement pas la première de sa promotion et elle est candidate du Parti socialiste », a-t-il souligné.
M. de Villepin et Mme Royal faisaient partie de la même promotion à l’Ena (Voltaire, 1980), tout comme le premier secrétaire du PS François Hollande.
« C’est pour vous dire », a-t-il lancé aux jeunes « que le rendez-vous de la vie n’est pas le rendez-vous des études. Il est très important de prendre en compte l’expression des tempéraments. On ne doit pas figer les choses à 20, 22 ou 23 ans. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas dans les 20 premiers d’un concours que la vie s’arrête« , a poursuivi M. de Villepin.
« Certains jeunes s’éveillent plus tard, d’autres s’éveillent très tôt et puis s’endorment très tôt », a-t-il ajouté.
Source: AFP