Dans un entretien à paraître mardi dans Le Figaro, le premier ministre se défend de vouloir diviser la majorité. « Nous serons rassemblés autour de celui ou celle qui sera le mieux placé pour l’emporter », assure-t-il.
LE FIGARO – Peut-on à la fois affirmer qu’on veut gouverner jusqu’au dernier jour et passer son temps à critiquer le président du parti qui vous soutient ?
Dominique de Villepin – Il n’est pas question de critiquer qui que ce soit. Le président de la République a demandé que l’année 2006 soit une année d’action au service des Français, ce cap sera tenu. Le gouvernement se bat sur tous les fronts. C’est la meilleure façon d’avoir un débat serein en 2007.
Vous affirmez que rien n’est joué pour le choix du candidat de la majorité à la présidentielle. N’êtes-vous pas en train de relancer la machine à perdre ? Nous sommes à cinq mois des échéances présidentielles. Ce que notre famille politique doit aux Français, ce sont des idées et un débat. Ce qui compte, c’est le fond. L’élection de 2007 est une chance unique de poser les vrais enjeux pour notre pays.
Prenez trois sujets. Premier sujet, l’Europe : je l’ai dit, il est temps que l’Europe fasse sa révolution et défende mieux les intérêts de tous les Européens. Deuxième sujet, l’emploi et les revenus. Pour lutter contre les inégalités, pour mettre fin à la peur du déclassement d’une partie des classes moyennes, il faut que le travail paye mieux en France. Ce sera l’objet de la conférence sur l’emploi et les revenus du 14 décembre prochain. Nous avons besoin de gestes forts sur les revenus des Français. Troisième sujet : l’éducation et la recherche. C’est pour moi le défi n°1 des prochaines présidentielles. Nous avons un retard important à rattraper pour assurer l’avenir des nouvelles générations. Ma conviction c’est qu’aucune proposition n’est illégitime dès lors qu’elle est constructive et qu’elle fait avancer les choses.
Quoi qu’il arrive, je me battrai pour la victoire de notre famille et de nos idées. Nous serons rassemblés autour de celui ou de celle qui sera le mieux placé pour l’emporter. Avançons étape par étape, en écoutant les Français, en étant attentifs à leurs colères et à leurs espoirs.
Le calendrier de l’UMP vous convient-il ?
Nous avons fixé une règle de soutien. Tenons-nous en à cette règle. Ne nous laissons pas détourner par les questions de personnes. Et concentrons-nous une nouvelle fois sur l’essentiel : les propositions pour l’avenir des Français.
Est-ce que la proposition du 5 décembre pour la clôture des candidatures vous convient?
Nous avons choisi tous ensemble de privilégier l’action du gouvernement en 2006 et de nous retrouver au début de l’année 2007 pour un même combat. Il y aura un congrès de l’UMP le 14 janvier. Le président de la République fera part de sa décision au premier trimestre. Ce sont des rendez-vous importants pour notre famille politique. Avançons pas à pas.
Irez-vous demain soir au Bureau politique de l’UMP?
Je le souhaite, si ma tâche me le permet. En tout état de cause cela ne change rien au cap qui a été fixé et qu’il faut respecter.
Et si oui, quelle position défendrez-vous?
C’est en rassemblant que l’on obtient le meilleur. Ma conviction c’est que les Français ont la capacité et la volonté d’avancer. Aux responsables politiques de leur en donner les moyens.
Que reprochez-vous, au fond, au candidat Nicolas Sarkozy ?
Je ne reproche rien à personne. La seule chose qui m’importe, c’est que nous allions tous ensemble à la rencontre des Français pour apporter des réponses à leurs préoccupations. C’est cet esprit de rassemblement qui aujourd’hui est attendu des Français comme la volonté de pousser le débat jusqu’au bout. C’est la clé et le grand enjeu des prochaines échéances.
Michèle Alliot-Marie est-elle mieux placée que vous pour porter les couleurs de la droite et du centre en 2007 ?
Michèle Alliot-Marie est une femme de fidélité et de talent. Comme Nicolas Sarkozy, elle est un atout pour notre famille. Je ne vois pas pourquoi nous nous inquiétons d’avoir une diversité de sensibilités et de tempéraments. C’est au contraire ce qui nous fera gagner en 2007.
Vous avez accusé Nicolas Sarkozy de chasser sur les terres du Front national. Comment peut-on réduire le FN sans vouloir reprendre ses voix?
Ne me faites pas dire ce que je n’ai jamais dit. Je me bats pour que les résultats soient au rendez-vous, pour faire baisser le chômage, pour lutter contre la délinquance. Les résultats, c’est la seule réponse politique à la montée du Front national. Et croyez bien que nous sommes tous mobilisés au gouvernement dans ce sens. Prenez la délinquance : avec Nicolas Sarkozy et Pascal Clément, nous avons voulu nous attaquer au problème des jeunes mineurs récidivistes. Nous avons réussi à trouver une solution ciblée et donc efficace. L’action et les résultats d’aujourd’hui nous donnent une légitimité pour demain.
_Approuvez-vous les propos de votre ministre et ami François Goulard qui qualifie le programme de l’UMP de «programme attrape-tout voire d’attrape-nigaud»__ ?
Je ne suis pas là pour distribuer les bons et les mauvais points. Sachons entendre toutes les idées et faire une place à chacun.
La victoire en 2007 passe-t-elle par votre candidature ?
La victoire passe par le rassemblement.
Source: Bruno Jeudy (Le Figaro)