« Rien n’est écrit », a affirmé dimanche le Premier ministre Dominique de Villepin à cinq mois de l’élection présidentielle. Et à l’UMP, « nous ne sommes pas au bout du débat politique en ce qui concerne l’éventuel candidat de notre famille », a-t-il assuré. « Rien n’est joué », car « le temps de la décision par les Français, c’est un temps qui vient relativement tard dans la campagne électorale », a-t-il estimé lors de l’émission « Ripostes » sur France-5.
« Rien n’est écrit. Rappelez-vous les élections précédentes: ceux qui étaient donnés gagnants au mois de septembre, au mois d’octobre ou au mois de novembre n’ont pas tous été sur la photo finale« .
« Mon intuition, c’est que les Français sont rebelles à tout choix qui leur est imposé« , a poursuivi le chef du gouvernement. « Ce qui est aujourd’hui mesuré » par les sondages, « c’est la sympathie, c’est l’image » et « une femme en politique, c’est nouveau, c’est attirant, c’est intéressant », a-t-il noté au sujet de la candidate socialiste Ségolène Royal.
Mais « mesure-t-on la capacité, l’aptitude, le sérieux de telle ou telle candidature? Nous n’en sommes pas là » et « je ne crois pas que les Français soient rentrés dans le choix présidentiel« .
M. de Villepin a donc estimé que « la précipitation du Parti socialiste est une erreur« : « avoir choisi une candidate si tôt, c’est une erreur » et c’est pourquoi « je me suis battu pour que ma famille politique ne se prononce qu’en 2007″.
Dominique de Villepin a refusé de préciser ses intentions pour la présidentielle, réaffirmant que sa « priorité » était « l’action gouvernementale ». « Nous ne sommes pas dans un pays qui peut s’offrir six mois de vacances (…) il faut bien que quelqu’un dirige le gouvernement ».
Pour le reste, « il ne m’appartient pas aujourd’hui de lire dans le marc de café (…) Il faut avancer pas à pas », a-t-il expliqué. « Chacun avance et doit avancer à son rythme ». En tout état de cause, « nous ne sommes pas au bout du débat politique en ce qui concerne l’éventuel candidat de notre famille« .
Alors qu’on lui demandait si un candidat, tel que Nicolas Sarkozy, pouvait rester ministre, Dominique de Villepin a noté que c’était déjà « arrivé » par le passé. Mais « mon sentiment, c’est que ce n’est pas son intérêt », a-t-il ajouté. Car « quand on se présente devant les Français, on va à la rencontre des Français et donc on doit avoir la liberté, c’est ma conviction ».
Par ailleurs, « j’ai une exigence comme Premier ministre: c’est que le travail gouvernemental ne soit pas handicapé ou obéré par d’éventuelles candidatures. A partir du moment où le travail qui est nécessaire est fait, on peut envisager différentes hypothèses ».
« Je n’ai jamais cru à une stratégie qui consisterait à aller pêcher dans les eaux du Front national. Je pense que c’est une erreur« , a également déclaré Dominique de Villepin, se disant « très préoccupé par la montée du Front national » dans les sondages. Il a déploré une « impatience qui se transforme en colère, et en gros on jette le bébé avec l’eau du bain ».
« Aujourd’hui, il y a plus d’offres d’emploi sur le marché qu’il y en avait il y a un an, il y a deux ans », a-t-il plaidé, regrettant qu’on soit « en permanence dans la caricature des choses »: « on ne retient que ce qui ne marche pas ».
Mais « que se passerait-il si M. Le Pen arrivait au pouvoir? », a-t-il lancé. « Nous aurions à la fois un pays qui se rétrécirait » avec la fermeture de ses frontières et « qui verrait peu à peu son économie se marginaliser ». Dès lors, « quand on voit Le Pen se banaliser dans le jeu politique (…) il ne faut jamais oublier quelles sont les conséquences des propositions qui sont faites ».
Source: Associated Press