Dominique de Villepin a profité jeudi du Conseil national de l’UMP pour cultiver une certaine ambiguïté sur le débat de la présidentielle, prônant le « rassemblement » de sa famille pour 2007 tout en martelant qu’il ne fallait pas « figer les choses » autour d’un candidat.
Certes, le Premier ministre s’est bien gardé d’attaquer frontalement Nicolas Sarkozy, comme l’avait fait dans la matinée Michèle Alliot-Marie, qui s’était attirée du même coup des sifflets dans la salle.
M. de Villepin a d’ailleurs été à plusieurs reprises applaudi par un auditoire largement favorable au président de l’UMP, en appelant à la « sérénité » et au « rassemblement » et en rendant hommage aux hommes forts du parti – Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin – sans oublier le président Jacques Chirac.
Pas question pour autant pour le chef du gouvernement de s’aligner derrière M. Sarkozy.
Le Premier ministre a estimé qu’il ne fallait pas que l’UMP « imite » le PS en se lançant dans « des primaires ». De fait, le terme de « primaire » a toujours été récusé à l’UMP, qui a décidé il y a un an que le parti apporterait, lors du congrès du 14 janvier, son « soutien » et non une « investiture » à un candidat.
Mais c’est aussi pour lui une façon, sans le dire, de laisser la voie ouverte à des candidatures issues de l’UMP en dehors de la procédure du congrès du parti.
Surtout, le Premier ministre, resté un peu plus d’un quart d’heure au Conseil national, a appelé à ne pas « figer les choses » et à soutenir, « le moment venu », « celui ou celle qui sera le mieux placé ».
Une façon là aussi, pour celui qui répète à l’envi que les choses « se cristalliseront » en mars, de prendre ses distances avec les sarkozystes et d’estimer que la candidature de leur champion ne va pas forcément de soi, alors que ce dernier pourrait se déclarer dans les toutes prochaines semaines.
« Nous devons avancer ensemble, étape par étape (…) Il est impératif de développer le débat », qui « n’est pas un risque« , a-t-il lâché, martelant « qu’aucune prise de parole n’est illégitime et qu’aucune position n’est dissidente ».
A l’UMP, certaines voix se sont élevées pour estimer que le débat est actuellement verrouillé par M. Sarkozy.
Dans une autre pique contre son numéro deux, chantre de « la rupture », M. de Villepin a mis en garde contre la tentation de « jeter aux orties tout le travail qui a été accompli » depuis 2002, tout en admettant qu’il fallait de « l’audace » et de « nouvelles idées » pour gagner en 2007.
Source: Frédéric Dumoulin (AFP)