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Démocratie participative: Dominique de Villepin se démarque de son camp

Opposé à la suggestion de Dominique de Villepin de laisser filmer le conseil des ministres, Jacques Chirac a souligné, vendredi 27 octobre, à Wuhan, à l’avant-dernier jour de sa visite d’Etat en Chine, que le conseil « est un lieu et un temps où se prennent des décisions qui peuvent relever notamment de la sécurité nationale ou des intérêts stratégiques de la nation ».

Et vous? Qu’en pensez-vous?

Dominique de Villepin se démarque de la droite dans le débat sur la démocratie participative ouvert par Ségolène Royal. Le Premier ministre s’est dit favorable jeudi lors de sa conférence de presse mensuelle à une « démocratie citoyenne« , tout en critiquant sur la forme les jurys citoyens proposés par la favorite des sondages au PS.

Le chef du gouvernement s’est notamment prononcé pour des conseils des ministres télévisés.

Dominique de Villepin avait prévenu qu’il interviendrait régulièrement dans la campagne présidentielle pour dire ce qu’il pense sur les grands sujets. Il a mis une nouvelle fois sa promesse à exécution lors de sa 16e conférence de presse mensuelle. Interrogé sur la proposition controversée de Ségolène Royal d’instaurer des jurys citoyens, il en a profité pour prendre le contrepied des critiques émises depuis dimanche par les amis de Nicolas Sarkozy.

Le chef du gouvernement a certes critiqué la proposition sur la forme, en estimant qu’elle « ramène à des expressions d’un autre âge et souvent funestes », comme les comités de salut public de la Révolution française.

Mais sur le fond, il a reconnu l’existence d’un « défi démocratique » et la nécessité d’un « renforcement de la démocratie, de son renouvellement, de sa modernisation« . Cette question, « à défaut de formule rapide, doit faire l’objet d’un examen approfondi », a-t-il dit.

Dans cet esprit, Dominique de Villepin a prôné « une démocratie citoyenne plus transparente, mieux contrôlée, où la participation de chacun est mieux organisée« . « Nous avons besoin de bousculer les habitudes« , a-t-il résumé.

Déplorant la « trop grande opacité » de la démocratie française, il estimé qu’il fallait envisager pour l’après-2007 que le conseil des ministres hebdomadaire soit télévisé « pour que chacun comprenne comment ça marche ». « Il faut que les Bastilles tombent« , a-t-il lancé. Il a toutefois exclu que la partie délibérative du conseil, qui « comporte une part de secret », soit retransmise.

Donnant l’exemple, Dominique de Villepin a annoncé que le prochain comité interministériel sur l’Europe sera « ouvert » à la presse. Ces réunions se tiennent chaque mois à Matignon depuis sa nomination dans la foulée du « non » au référendum du 29 mai 2005.

L’ancien ministre des Affaires étrangères a rappelé le précédent de la réunion, télévisée dans le monde entier, du conseil de sécurité de l’ONU de février 2003 au cours de laquelle il avait prononcé son discours contre la guerre en Irak. Cette réunion avait été « le point de départ de la reconquête par les Nations unies des consciences« , selon lui.

Dominique de Villepin a également cité en « premier exemple politique de démocratie citoyenne au quotidien » les conférences de presse mensuelles, qu’il a été le premier chef du gouvernement à tenir pour rendre compte de son action aux Français.

Tout en refusant de faire le lien avec le contrat première embauche (CPE), le Premier ministre a enfin jugé indispensable la participation des citoyens à la prise de décision afin de « l’enrichir ». Mais « il faut faire attention: avoir des citoyens pleinement acteurs de la démocratie, c’est différent que d’ériger des juridictions dont on a vu dans l’histoire qu’elles pouvaient conduire à des drames », a-t-il ajouté.

Sur ce sujet, « il n’y a pas lieu à avoir un débat idéologique, mais un débat pragmatique qui nous permette de faire des avancées », a conclu le Premier ministre.

Source: Emmanuel-Georges Picot (Associate Press)

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